Côte d’Ivoire: Femua 2024, musique et sensibilisation des jeunes à la santé mentale

Maitre Gims sur scène lors du Femua 2024.

Le 19/05/2024 à 09h20

VidéoChaque année, le Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) transforme Marcory, commune d’Abidjan, en une scène musicale bouillonnante attirant des milliers de spectateurs venus des quatre coins de l’Afrique et du reste du monde. Aujourd’hui, bien plus qu’un simple événement musical, le Femua s’impose comme un acteur majeur dans la promotion de la culture ivoirienne et africaine en général, en mettant en lumière la richesse et la diversité des expressions artistiques du continent.

Le Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo a ouvert ses portes cette année, attirant des milliers de festivaliers venus célébrer la diversité culturelle et la musique africaine. Toutefois, l’édition 2024 se distingue par une initiative unique et nécessaire, la mise en avant de la santé mentale des jeunes.

Ils sont des milliers de mélomanes, amoureux de la musique urbaine et de la culture africaine, à déferler chaque soir dans les locaux de l’Institut national de la jeunesse et des sports (Injs) de Marcory pour vibrer aux sons des bonnes mélodies à l’occasion de la 16ème édition qui se tient du 14 au 19 mai à Abidjan.

Près d’une centaine d’artistes nationaux et internationaux de renom tels que Maître Gim’s, Gadji Céli, O’nel Mala, Sonia Jobaté, etc. mettent «le feu» sur Anoumabo au plaisir des festivaliers. «Il faut reconnaître l’engouement et l’énergie positive autour du Femua. A chaque cette édition c’est la culture qui est promue et cela nous fait énormément plaisirs», explique Hamed Cyril, habitué de l’événement.

Depuis sa création en 2008 par le groupe Magic System, le Femua s’est imposé comme un événement incontournable pour la promotion de la culture urbaine et des musiques d’Afrique. Il réunit des artistes de renommée internationale et offre une plateforme pour les talents émergents du continent. Cette année, en plus des performances musicales séduisantes, le festival se penche sur une problématique cruciale et d’actualité mais souvent négligée à savoir la santé mentale des jeunes, offrant une tribune à d’autres pays pour des échanges culturels, tout en sensibilisant les populations sur ce thème choisi.

A cet effet, des conférences et des ateliers sont organisés, rassemblant des experts en psychologie, des travailleurs sociaux, des artistes et des jeunes pour discuter ouvertement de la question. Ces sessions éducatives visent à démystifier les problèmes de santé mentale, à briser les tabous et à encourager les jeunes à rechercher de l’aide en cas de besoin.

«La musique a toujours été un vecteur puissant pour transmettre des messages et sensibiliser les masses. En mettant l’accent sur la santé mentale cette année, nous voulons utiliser notre influence pour toucher les jeunes et les encourager à prendre soin d’eux-mêmes, tant physiquement que mentalement», souligne K. Cyprien, membre de l’organisation.

A travers le thème de cette édition les organisateurs veulent donner une nouvelle impulsion à la jeunesse africaine, mais plus particulièrement à celle de la Côte d’Ivoire qui est en perte de valeurs et s’adonnent à des actes peu commodes, notamment la prise de drogue et de certaines substances nocives, de boissons frelatées, de l’alcool en accès…

Des projets orientés vers le domaine de l’éducation et la santé sont de mise. C’est le cas du projet de construction d’école, qui permet la réalisation et la mise à disposition de plusieurs infrastructures scolaires. Avec l’édition 16 du Femua, le groupe Magic System prévoit offrir deux nouvelles écoles dans les localités de San-Pédro et Jacqueville.

A ce titre il est initié cette année le «Carrefour Jeunesse» qui est l’articulation scientifique du Femua 2024, une plateforme de réflexions, d’échanges et de partages d’expériences axée sur le thème. Il rassemble les jeunes de toutes les couches socioprofessionnelles pour des travaux sur trois jours déclinés en panels, ateliers, partages d’expériences, échanges B2B et stands.

La ville de Ferkessédougou, située au nord de la Côte d’Ivoire, est retenue pour la clôture prévue pour ce 19 mai. À une distance de plus de 600 km de la capitale économique ivoirienne, le choix de cette ville offre aux festivaliers l’opportunité de découvrir les richesses culturelles et les beautés du pays profond, encourageant ainsi le tourisme intérieur. De plus, ce choix permet de faire connaître la ville de Ferkessédougou, en particulier, ainsi que la région du Tchologo.

Depuis sa création en 2008, ce sont près de 1.500 artistes qui se sont produits sur la scène du Femua à ce jour, plus 5 millions 500 festivaliers, plus de 500 millions de spectateurs, 12 000 enfants scolarisés, un centre de santé, un centre d’accueil pour orphelins, 12.000 emplois directs et indirects, 10 écoles dont la listes sera complétée à 12 cette année notamment avec la sortie de terre très bientôt des écoles de Jacqueville et San Pédro. Bien plus qu’une fête musicale, le Femua est un vecteur d’intégration et de développement.

En combinant art, éducation et sensibilisation, le festival crée un espace où les jeunes peuvent s’exprimer librement et trouver le soutien dont ils ont besoin. Cette initiative exemplaire montre comment les événements culturels peuvent jouer un rôle crucial dans le traitement de problèmes sociaux importants, tout en offrant une expérience enrichissante et divertissante à leurs participants.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 19/05/2024 à 09h20