Côte d’Ivoire: fête des ignames, une occasion de communier avec l’esprit des ancêtres

La récolte d'igname en Côte d'Ivoire.

Le 18/09/2023 à 08h24

VidéoAu mois de septembre de chaque année, le village de Soukou Obou, à plus de 100 kilomètres de la capitale Abidjan, se pare de couleurs, chante et danse pour célébrer l’un des événements culturels les plus importants, la fête des ignames.

La fête des ignames est un héritage précieux de la culture Abidji et de bien d’autres cultures telles telles que les Agni, les Baoulé, les Aboudé… Dans cette localité, la célébration a lieu généralement au mois de septembre, marquant la période de la saison des récoltes.

C’est une période où les agriculteurs locaux, après des mois de travail acharné dans les champs, récoltent enfin leurs ignames, un tubercule riche en amidon et qui constitue un aliment de base de la cuisine ivoirienne.

La fête est une célébration de la récolte abondante, mais elle est également l’occasion de rendre hommage aux ancêtres, de promouvoir la culture de la région et de renforcer les liens communautaires.

«Par le passé nous ne célébrions que le Dipri, comme tous les villages voisins alors nous nous y sommes mis et jusqu’à ce jour, nous commémorons la fête des ignames au mois de septembre», explique M’Boa Philippe, petit-fils du fondateur du village.

L’un des points culminants de la fête des ignames est la procession des habitants vêtus de tenues traditionnelles, ancestrales et coloniales, et portant fièrement sur la tête des paniers d’ignames. Cette file humaine parcoure les rues du village en chantant et dansant au rythme des tambours et de la fanfare. La procession se termine à la place publique où les ancêtres sont honorés et les bénédictions sont demandées pour les récoltes futures.

Cependant la fête des ignames va au-delà des aspects cérémoniels. Elle a un impact significatif sur la vie des habitants de Soukou Obou. «C’est un moment de réjouissance, de pardon, de réconciliation. Habituellement les femmes préparent à manger dans les cuisines à huis-clos. Mais aujourd’hui vous constaterez que les garçons participent à la préparation des plats», a commente Tchapka Théodore, un doyen du village.

Au plan économique, la fête stimule l’activité commerciale dans la localité. Les visiteurs affluent de toute la région pour participer à la célébration, ce qui booste l’économie locale.

De plus, la fête d’igname renforce le tissu social de la communauté. Les habitants se préparent activement pour l’événement, en travaillant en communauté à la préparation des repas et entretenir le village. Cette collaboration renforce les liens familiaux et communautaires, favorisant le sentiment de solidarité et d’appartenance.

La célébration de ce tubercule est également une opportunité pour les jeunes de se rapproprier leur héritage culturel. Ces jeunes apprennent ainsi à apprécier et à préserver leur culture, ce qui est essentiel pour la préservation de l’identité culturelle de Soukou Obou à l’ère moderne.


Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 18/09/2023 à 08h24