L’on dénombre à ce jour au moins six morts dans certaines communes d’Abidjan, dus aux pluies diluviennes alors que la saison pluvieuse amorce à peine. À Mossikro, dans la commune d’Attécoubé, la terre a englouti en quelques secondes plusieurs habitations et entrainé des pertes en vies humaines. À Cocody et d’autres communes, des inondations sont signalées à chaque forte pluie.
«Chaque année, c’est la même chose. On alerte, on pleure des morts et rien ne change vraiment», déplore Blé Yao, conducteur de minicar. Selon lui, «les autorités doivent traiter sérieusement les zones à risquess et curer les caniveaux avant les tombées des pluies, et non pas après les drames!».
Dans les rues d’Abidjan, les habitants ne cachent pas leur exaspération. Ils pointent du doigt le manque de prévention, de moyens, l’urbanisation anarchique, l’occupation des bassins d’orage et l’insuffisance des infrastructures de drainage. «Malgré qu’ils connaissent les dangers auxquels ils sont exposés en restant dans les zones à risquess, ces gens s’obstinent. Parce qu’ils n’ont nulle part ailleurs où aller, l’accès aux logements n’est pas une mince affaire», déplore Coulibaly Charles, ingénieur BTP.
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«Pourquoi laisser les gens construire des maisons et habiter dans ces zones si on sait que c’est dangereux?», s’interroge Koné Karamoko, riverain. «L’État doit renforcer le contrôle urbain. Et nous, citoyens, devons aussi éviter de jeter nos ordures dans les caniveaux.»
Face à cette situation, nombreux sont les Ivoiriens qui appellent à un meilleur encadrement et des mesures concrètes pour éviter de nombreux dégâts. «D’abord, il faudrait que nous, les citoyens, soyons notre propre police. Nous devons signaler les zones à risques autour de nous pour sauver des vies. Chacun a sa part de responsabilité», préconise Konaté Sidiki, un habitant de Yopougon.
Des pluies à Abidjan.. le360 Afrique/djidja
Selon la Société d’exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et météorologique (SODEXAM), la saison pluvieuse pourrait se prolonger jusqu’à fin juillet, avec des pics de précipitations attendus entre mi-juin et début juillet. La vigilance est donc de mise. Depuis le mois d’avril dernier, la SODEXAM a alerté sur une grande saison des pluies annonçant des cumuls pluviométriques plus élevés que la normale cette année. Il y aura deux périodes: celle de mars à mai 2025 et celle d’avril à juin 2025.
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«D’avril à juin 2025, sur le littoral et le Sud forestier, les prévisions indiquent qu’il y a 50% de probabilité que les cumuls pluviométriques saisonniers soient normaux à tendance excédentaire par rapport à la normale saisonnière de 1991 à 2020. Ces cumuls seront supérieurs à 640 mm et sur le reste du territoire, il est très probable, avec 50% de probabilité, que les cumuls pluviométriques soient proches de ceux de la normale saisonnière de 1991- 2020. Ces cumuls seront compris entre 275 et 595 mm».
À cet effet, la structure conseille d’éviter de vivre dans les zones à risques, ne pas dormir près de structures fragiles et signaler toute menace d’effondrement aux autorités.
Cependant, à Abidjan comme à l’intérieur du pays, des endroits ont été déclarés zones à risques, mais les populations demeurent sur place, avec pour seul argument «le manque de moyens financiers».
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Les morts enregistrés en début de saison rappellent la nécessité de revoir le modèle d’aménagement urbain à Abidjan. Si les autorités doivent jouer leur rôle en renforçant les infrastructures et en faisant appliquer les règles d’urbanisme, la population, elle aussi, est appelée à adopter des comportements responsables. L’heure n’est plus aux constats, mais à l’action concertée, pour que la pluie, source de vie, ne continue pas à rimer avec tragédie.
À l’entame de cette nouvelle saison qui s’annonce grandiose, vigilance et anticipation restent les meilleurs remparts pour les populations afin d’éviter les affres des pluies diluviennes.