Dakar: aux Almadies, le luxe ostentatoire aux première loges de la misère migratoire

Le quartier des Almadies à Dakar.

Le 06/09/2025 à 12h56

VidéoAux Almadies à Dakar, le luxe est ostentatoire, comme le sont les baraques de fortune qui lui servent d’arrière-plan, érigées par des étrangers qui vivent de mendicité. Sauf que fortune et infortune ont ceci en commun: aucune ne dispose de réseau évacuation des eaux usées. C’est au moins un point en commun.

«C’est difficile de donner un prix exact, mais ici, le mètre carré peut atteindre un million de francs CFA. Pour une parcelle de 300 m² déjà construite, il faut compter entre 350 et 400 millions», confirme Mamadou Diallo, délégué des quartiers Ngor-Almadies, un des quatre arrondissements du département de Dakar.

Mais à côté du luxe des Almadies, des familles étrangères vivent dans des baraques précaires, tandis que mendiants et sans-abri tentent de survivre au cœur du quartier le plus cher de Dakar.

«Je suis arrivé aux Almadies il y a deux mois avec ma famille et mes enfants. Nous mendions pour survivre car nous n’avons pas de travail», confie Abdou Aziz, installé dans un bidonville du secteur.

Pour les habitants, la situation est préoccupante: «On a des problèmes de sécurité. Beaucoup de gens viennent s’installer ici, surtout des étrangers. Ils construisent derrière les maisons, ce n’est pas normal. Mais nous, habitants, on ne peut rien faire. Seul l’État peut régler ça», déplore Mamadou Diallo.

Même dans ce quartier huppé, l’assainissement reste un défi. Les eaux usées et les inondations rappellent les failles d’un aménagement inégal. «Le manque d’assainissement, ce n’est pas à nous de le régler, c’est à l’État. Mais en attendant, nous avons dû nous organiser. Chaque habitant a cotisé, parfois jusqu’à 500.000 francs CFA, pour financer les pavages», explique le délégué.

Vitrine d’un Dakar mondialisé, les Almadies continuent d’attirer investisseurs et célébrités. Mais derrière les murs de marbre, une misère tenace persiste, rappelant la fracture sociale au cœur même de la capitale sénégalaise.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 06/09/2025 à 12h56