Dans les bars de Yaoundé: moins les serveuses sont habillées, plus les clients consomment

Une serveuse d'un bar de Yaoundé.

Le 09/10/2024 à 08h34

VidéoL’alcool a des effets désinhibants. Et pour faire couler l’alcool à flots, les tenanciers des bars de Yaoundé imposent aux serveuses des tenues légères qui font saliver les clients. Une pratique qui expose ces jeunes filles aux abus de toutes sortes.

Ambiance festive pour les uns, relations toxiques pour beaucoup d’autres. Comme pour ces femmes qui exercent en tant que serveuses dans des établissements où l’alcool désinhibe les consommateurs dont beaucoup se croient tout permis. Et c’est un cri d’alarme que certaines employées des débits de boissons lancent depuis qu’elles ont pris conscience des dangers auxquels elles sont exposées dans l’exercice de leur fonction. Habillements indécents, attouchements... des dérives que leurs employeurs leur imposent une fois recrutées dans ces établissements où l’alcool coule à flots et qui foisonnent à travers le pays.

De nombreuses dénonciations ont déjà été répertoriées à travers le territoire national et les leaders de la société civile attendent de pieds fermes, les mesures des pouvoirs publics pour protéger cette autre couche vulnérable.

Dans la ville de Yaoundé, nous sommes allés à la rencontre de quelques victimes de ces abus. Premier arrêt au quartier Melen au lieu-dit «Mini ferme». Une employée d’un bar confie, «je travaille dans ce bar depuis déjà huit mois. Mon patron m’avait donné le code vestimentaire dès le premier jour. Ce qui fait que je dois obligatoirement m’habiller sexy, c’est-à-dire en vêtements moulants, question de faire ressortir ma poitrine et mon postérieur», a-t-elle déclaré avant d’ajouter que son employeur l’a menacée de la licencier si elle ne s’accommodait pas à ses exigences.

Plus loin au quartier Ekoudou, une jeune dame a reconnu être victime de ces abus en soulignant le harcèlement sexuel auquel elle fait face depuis son recrutement. «Mon patron me harcèle tout le temps. Pour m’amener à accepter de force ses exigences, il ne me donne pas la totalité de mon salaire. Au départ, je gagnais 45.000 Fcfa, actuellement, j’en suis à 30.000».

Les victimes se comptent généralement parmi des jeunes dames âgées entre 25 ans et 40 ans. Des jeunes issues des familles démunies ou abandonnées par leurs conjoints, et dans le souci de se prendre en charge elles-mêmes, vont à la recherche de l’emploi. Malheureusement dans la gueule des loups.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 09/10/2024 à 08h34