«Hama Amadou nous a quitté ce jour (mercredi) des suites de maladie», a annoncé à l’AFP un de ses proches.
Jeudi matin, les hommages fleurissaient sur les réseaux sociaux pour celui qui a été à deux reprises Premier ministre du Niger, de 1995 à 1996 sous la présidence de Mahamane Ousmane puis de 2000 à 2007 sous Mamadou Tandja.
«Hama Amadou a marqué l’histoire de notre pays par son engagement et son dévouement au service de la nation. Son héritage politique et son humanisme continueront d’inspirer les générations futures», écrit Soufiane Aghaichata Guishene, ministre du Tourisme du régime militaire au pouvoir depuis juillet 2023.
«Le Niger en larmes. Hama Amadou, l’homme de tous les combats, n’est plus!», titre le quotidien l’Enquêteur sur son site.
«Le Niger pleure aujourd’hui la perte d’un de ses fils les plus illustres. Hama Amadou, géant de la politique nigérienne, nous a quittés dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 octobre 2024, emporté par le paludisme. C’est ainsi que s’achève le long parcours d’un homme qui a marqué à jamais l’histoire de notre pays», poursuit le média.
Hama Amadou avait également dirigé l’Assemblée nationale (2011-2014) sous Mahamadou Issoufou (2011-2021).
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Il était un farouche opposant à Mohamed Bazoum qui a succédé à M. Issoufou en 2021 et qui a été renversé deux ans plus tard par un coup d’Etat.
Il avait plusieurs fois connu la prison, notamment en 2021, où il avait été accusé d’être l’un des responsables des troubles ayant suivi la proclamation des résultats de l’élection présidentielle.
Malade, la justice lui avait accordé une autorisation pour se soigner dans un hôpital parisien. Il était rentré au Niger en septembre 2023, peu après le renversement de Mohamed Bazoum.
Surnommé «le phénix», l’ancien Premier ministre nigérien Hama Amadou, décédé mercredi soir à l’âge de 74 ans, a connu plusieurs fois la prison pendant sa riche carrière politique, devenant l’un des plus farouches opposants au régime du président déchu Mohamed Bazoum.
Né en 1950 à Youri, un village peul près de Niamey, il était aussi surnommé « Hama+ » en raison de ses scarifications sur les joues.
Ses partisans avaient pour habitude de se grimer parfois de «+» dessinés au feutre sur leur visage ou sur leurs bras lors de ses meetings bondés.
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Sa carrière politique démarre à l’ombre du général président Seïni Kountché (1974-1987) qui a dirigé le Niger d’une main de fer.
Brièvement Premier ministre pendant 11 mois en 1995-1996, sous la présidence de Mahamane Ousmane, c’est dans les années 2000 qu’il devient un homme politique de premier plan. Il redevient Premier ministre de 2000 à 2007.
En 2009, il est incarcéré dans une prison de haute sécurité pour un détournement de fonds présumé. Il dénonce une «machination» du président d’alors, Mamadou Tandja pour l’évincer de la présidentielle la même année.
La justice prononcera finalement un non lieu en sa faveur et l’élection ne se tiendra pas, Tandja ayant été renversé par un coup d’Etat entre temps.
Fondateur, du Mouvement démocratique nigérien (Moden) en 2009, il se rallie à la surprise générale à Mahamadou Issoufou au second tour de la présidentielle de 2011, après avoir obtenu près de 20% des voix au premier tour.
Un ralliement décisif qui permet à Issoufou d’emporter la mise et qui vaudra à Hama un poste de président de l’Assemblée nationale jusqu’en 2014.
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Il claque alors la porte de la coalition présidentielle, déplorant l’échec de la formation d’un gouvernement d’union et devient le premier opposant à Issoufou.
Condamné dans une affaire de trafic de bébés, il est incarcéré en 2015, après un exil mais arrive tout de même 2e de la présidentielle de 2016 avec près de 18% des voix, sans avoir pu faire campagne.
Après un nouvel exil, à la suite d’une libération conditionnelle, il purge la fin de sa peine en 2019 à son retour à Niamey et est empêché de se présenter à la présidentielle de 2021 contre Mohamed Bazoum, le successeur d’Issoufou.
Accusé d’être l’un des responsables des troubles ayant suivi la proclamation la victoire de M. Bazoum en février 2021, il est à nouveau incarcéré mais bénéficie deux mois plus tard d’une libération pour raisons de santé et s’envole pour la France.
Il rentre à Niamey après le coup d’Etat de juillet 2023 qui a renversé M. Bazoum mais reste discret sur la scène politique, jusqu’à sa mort dans la capitale nigérienne mercredi.
Ceinture noir de judo, «Hama+» était connu pour son «sang froid et son franc parler», selon ses partisans.