Niger: le principal opposant Hama Amadou écarté de la course présidentielle

Hama Amadou.

Hama Amadou.. DR

Le 14/11/2020 à 09h53, mis à jour le 14/11/2020 à 09h55

Le principal opposant nigérien Hama Amadou ne pourra pas se présenter à la présidentielle du 27 décembre au Niger, sa candidature ayant été rejetée vendredi par la Cour constitutionnelle, qui a en revanche validé celle du candidat du parti au pouvoir Mohamed Bazoum.

"La Cour déclare inéligible à l'élection présidentielle Hama Amadou du Moden" (Mouvement démocratique nigérien, son parti), a annoncé le président de la Cour, Bouba Mahamane, sans donner de raison, lors d'une audience au siège de l'institution à Niamey.

Arrivé deuxième de la présidentielle de 2016 derrière le président Mahamadou Issoufou, Hama Amadou, 70 ans, deux fois Premier ministre, avait été condamné en 2017 à un an de prison dans une affaire de trafic de bébés, qu'il a toujours qualifié de politique.

En 2017, la Cour d'appel de Niamey avait condamné à un an de prison ferme une vingtaine de personnes impliquées dans cette affaire dont une des épouses de Amadou.

Elles étaient notamment poursuivies pour "supposition d'enfants", un délit consistant à attribuer la maternité d'un enfant à une femme qui ne l'a pas mis au monde. Toutes ont été condamnées pour avoir participé à un trafic de bébés qui aurait été conçus au Nigeria puis amenés au Niger via le Bénin.

Hama Amadou, qui était rentré au Niger fin 2019 après trois ans d'exil, a bénéficié en mars 2020 d'une grâce présidentielle alors qu'il purgeait une peine de 12 mois de prison.

"La loi prévoit que toute personne condamnée à une peine égale ou supérieure à un an n'est pas éligible. Donc il n'est pas éligible", avait expliqué le constitutionnaliste nigérien Amadou Boubacar en novembre 2019.

"Même une grâce présidentielle n'est pas suffisante. Il faudrait une loi d'amnistie sur le trafic de bébés qui efface la condamnation", avait-il souligné.

Il y a quelques mois, une source haut placée au sein du pouvoir se montrait ferme : "On l'a laissé rentrer, on peut le gracier mais la loi c'est la loi. Il n'est pas question qu'on ne respecte pas la loi pour qu'il se présente."

Les décisions du Conseil constitutionnel ne peuvent donner lieu à a des recours.

Samedi dernier lors d'un meeting à Niamey qui a réuni 30.000 personnes, Hama Amadou a promis au pouvoir un "scénario à la malienne (manifestations suivies d'un coup d'Etat, ndlr) si sa candidature (était) rejetée".

Bazoum contre Djibo et Oumarou

Lors de la présidentielle de 2011, Amadou était arrivé troisième et avait appelé à voter pour Issoufou, qui avait alors été élu pour son premier mandat.

La Cour constitutionnelle a aussi invalidé une dizaine d'autres candidats pour le scrutin du 27 décembre (couplé aux législatives), auquel le président Issoufou ne se représente pas, conformément à la Constitution nigérienne qui n'autorise que deux mandats.

La Cour constitutionnelle a en revanche validé 30 candidatures à la présidentielle, dont, sans surprise, celle de Mohamed Bazoum, 60 ans, candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir).

Ancien ministre de l'Intérieur, des Affaires étrangères ou même ministre d'Etat sans portefeuille, Bazoum est considéré comme un homme clé du pouvoir sous la présidence de Issoufou et beaucoup le voient comme le favori du scrutin.

Parmi les candidats en lice on compte également le général Salou Djibo, ex-chef de la junte militaire au pouvoir de février 2010 à avril 2011, investi par le parti Paix-Justice-Progrès (PJP).

Deux autres poids lourds, Seïni Oumarou, le dirigeant du Mouvement national pour la société de développement (MNSD, 3e en 2016) et Mahamane Ousmane, ex-président de 1993 à 1996 (4e en 2016), sont aussi dans la course, ainsi que l'ex-chef de la diplomatie, Ibrahim Yacouba (5e en 2016).

Depuis 2017, l'opposition refuse de siéger à la Commission électorale et conteste le nouveau code électoral élaboré sur une base "non consensuelle, sans sa participation", qui a été adopté en juin 2019 par le Parlement.

Un "dialogue" annoncé il y a un an par le pouvoir et l'opposition en vue "d'apaiser" le climat politique tendu, n'a toujours pas commencé, à un mois et demi du scrutin présidentiel.

Le Niger, un des Etats les plus pauvres au monde, est confronté à des attaques jihadistes ou de bandits armés sur six de ses sept frontières.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 14/11/2020 à 09h53, mis à jour le 14/11/2020 à 09h55