«Le chômage est une perte, un gaspillage pour l’ensemble de la collectivité» cette sentence du Premier ministre Raymond Ndong Sima, le 14 mars 2025 en clôture des Assises nationales sur l’emploi, en dit long sur la problématique du chômage chez les jeunes. Cette situation est d’autant plus vécue comme une «injustice» que l’Etat ne semble pas en mesure d’absorber le flot de jeunes qui arrivent au marché du travail.
Alors, de nombreux jeunes diplômés s’engagent dans un parcours professionnel parfois incertain. Mais des exceptions à cette règle générale existent pourtant. À la faveur d’une récente exposition à Libreville, du made in Gabon, Le360 Afrique a fait la rencontre des frères Sébastien et Jonathan Ayimambenwe. Fondateurs de la start up kakao Mundo, ils ont investi dans tous les métiers de la filière du cacao. Et leurs tablettes de chocolat sont un véritable un succès sur le marché local. Une expérience unique d’un retour au pays après des études professionnelles en Europe.
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«On a voulu revenir dans notre pays pour justement développer les plantations qui appartenaient à nos parents. On a commencé avec quelques membres de la famille et actuellement on a embauché des salarié», confie, Sébastien Ayimambenwe, gérant de la Start Up Kakao Mundo. La chocolaterie produit aujourd’hui plusieurs centaines de tablettes par jour: chocolat noir, au lait, avec ou sans ingrédients (pistaches, arachides, noisettes, caramel, coco, amandes salées…), et en barres de 5, 30 ou 100 grammes, sans oublier les formats professionnels pour les pâtissiers.
Mais d’autres autoentrepreneurs n’ont pas eu le même succès. Pamela en sait quelque chose. Lasse des démarches pour un recrutement à la fonction publique, cette secrétaire comptable de 35 ans s’est reconvertie dans le business de glaces. «Les financements sont difficiles à obtenir, les projets gouvernementaux sont contraignants, la pression sociale est énorme. Bref ce n’est pas facile», se désole la jeune fille qui a dû quitter Libreville pour monter une association de tisserandes avec ses sœurs du village situé à une trentaine de kilomètres de la capitale gabonaise.
Ici, elle se débrouille comme elle peut. «On fabrique tout ce qui est traditionnel comme les kits de mariage. On habille les groupes de danse. On fabrique des corbeilles, des éventails, des paniers etc. Et notre matière première c’est le raphia», explique-t-elle.
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À Libreville et ses environs, la tendance à la débrouillardise de jeunes chômeurs s’intensifie. Une sorte de «révolution cachée qui compte aujourd’hui des dizaines d’acteurs sans travail rémunéré stable. Alfred Guelor, s’est spécialisé dans la vente des maillots de bain. Il fait le tour des plages le dimanche à la recherche des clients avec une marchandise bon marché, selon lui-même. «Je vends un maillot une pièce à partir de 1.000 francs CFA... Pas besoin d’augmenter les prix et comme ça je suis sûr de vite les écouler. Je m’en sors plutôt bien», se réjouit-il.
Selon plusieurs observateurs, la débrouillardise fait naître des vocations. Tant et si bien que beaucoup de Gabonais ne veulent plus frapper à la porte de la fonction publique. Elle sont loin les railleries à l’encontre des Ouest-Africains qui font certains métiers pénibles. Aujourd’hui, ce sont eux qui inspirent les Gabonais.