Ahma Badiane est moto-taximan. Comme beaucoup d’autres, il attend les voyageurs qui descendent du TER, prêt à les conduire vers divers quartiers de la capitale. «On est à l’affût des clients qui descendent du TER. Nous sommes des conducteurs de mototaxi et nous nous en sortons plutôt bien, même si parfois les gendarmes nous arrêtent et nous immobilisent pendant des heures. Ce que nous faisons n’est pas autorisé, mais toléré. Certaine agents de l’ordre sont plus compréhensifs que d’autres», confie-t-il avec un mélange de résignation et d’espoir.
Mis sur les rails fin 2021 dans la capitale, le TER a transporté plus de 21 millions de voyageurs en 2024, a indiqué à la presse Charles Civreis, directeur général de la société d’exploitation et de maintenance du Train express régional, soit 41 millions depuis sa mise en service.
Et tout ce beau monde se retrouve à la gare du TER de Dakar où le métier de moto-taximan, bien que non réglementé, s’est imposé comme une réponse rapide aux besoins de mobilité des usagers du TER souhaitant aller vers les différents quartiers de la capitale sénégalaise. Pourtant, cette activité n’est pas sans embûches.
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Les contrôles policiers peuvent s’avérer sévères, notamment lorsque la réglementation est appliquée à la lettre. Malgré cela, Ahma persiste, préférant la flexibilité de ce travail à l’incertitude du chômage.
Pour les usagers réguliers du TER comme Omar Sow, la gare est synonyme de confort et d’efficacité. «Je prends souvent le TER. Les gares sont bien organisées, les gendarmes gèrent tout, et on apprécie. On les voit réguler la circulation et permettre aux vendeurs ou aux transporteurs de passer sans s’arrêter. C’est toute une activité qui se développe ici», explique-t-il avec satisfaction.
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L’organisation autour des gares est effectivement bien pensée. La présence des forces de l’ordre garantit la sécurité et la fluidité des déplacements, tout en restant relativement tolérante envers les petits métiers qui se développent autour du flux de voyageurs.
La gare TER de Dakar.. le360 Afrique/Ndiaye
Autour de la gare, le commerce prospère, porté par des vendeurs ingénieux comme Ibrahima Ndiaye. Ce dernier mise sur la soif des voyageurs pour vendre ses noix de coco fraîches. «Le TER est utilisé par tout le monde, et à la descente, les voyageurs aiment se rafraîchir. Moi, je leur propose des cocos, et ça marche bien. Le commerce autour de la gare fonctionne comme une véritable activité», explique-t-il avec un sourire fier.
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Le prix abordable de l’eau de coco attire aussi bien les usagers du TER que les riverains. Pour Ibrahima, chaque train qui arrive est l’occasion de faire de bonnes affaires, et il ne manque jamais de proposer ses produits aux voyageurs pressés mais assoiffés.
Les activités autour de la gare du TER de Dakar témoignent de la capacité d’adaptation des habitants face aux défis économiques. Entre moto-taxis non réglementés et petits commerces, un fragile équilibre s’installe, toléré par les autorités tant qu’il n’entrave pas l’ordre public. Pour beaucoup, ces initiatives informelles représentent un moyen de subsistance indispensable, faisant de la gare un véritable carrefour d’opportunités.