Feux de brousse en Guinée: le SOS des éleveurs contraints d’abandonner leurs villages

Le 05/03/2024 à 16h19

VidéoDans la région de Mamou, à Dabola plus précisément, l’élevage est devenu quasiment impossible à pratiquer en raison des feux de brousse qui ravagent le déjà sec couvert végétal. Impuissants devant l’ampleur du fléau, les citoyens de la localité en appellent à l’Etat.

Depuis plusieurs mois, c’est la triste image qu’offre Dabola, dans la région de Mamou: des hectares de forêt brûlés, des feux attisés par les fortes températures. A 14 heures, le thermomètre affiche 40 degrés.

Mamadou Bah, gardien dans cette zone, constate impuissant l’avancée des incendies. «Les feux de brousse viennent souvent de très loin. Même nous, qui vivons des les villages voisins, nous en souffrons. Certains voient leur village complètement emporté par le feu. Dans d’autres localités, ce sont les plantations qui sont détruites. Souvent, ce sont certaines personnes qui mettent le feu».

Et ce qui choque le plus les habitants, c’est l’indifférence des autorités. Le phénomène est visible même en bordure de route. Mais aucune action n’est entreprise pour freiner cette calamité, regrette Mamadou Bah. «Dans le Fouta actuellement, de Mamou jusqu’à Dabola, tout brûle. Avant-hier, près de 40 maisons sont parties en fumée dans un petit village. La forêt est sèche, la pluie se fait rare, dans ces conditions il nous est impossible de travailler nos champs. Tout ça c’est à cause de la déforestation»., explique-t-il.

Au nombre des victimes il y a surtout les éleveurs dont certains ont pris la décision radicale de quitter la zone, fait savoir Aladji Barry, lui même éleveur. «Ce matin encore, les doyens de la localité ont tenu une réunion d’urgence sur les feux de brousse. Ils sont convaincus que seul l’Etat guinéen a les moyens de lutter contre un pareil phénomène». Malheureusement, celui-ci ne fait rien pour le moment.

Les activités humaines, la raréfactions des précipitations, les fortes températures sont à l’origine de la dégradation du couvert végétal du pays. En 2019, le ministre de l’Energie de l’hydraulique et des hydrocarbures estimait à plus de 35.000 hectares par an la régression du couvert végétal de Guinée. Selon ce même département, le prélèvement de bois, pour les besoins énergétiques, est estimé à 7 millions de tonnes par an.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 05/03/2024 à 16h19