Le Gabon mettra fin à la gratuité des transports publics instaurée en 2020 pour soulager la population pendant la pandémie de Covid-19. Cette décision, actée lors du Conseil des ministres du 20 juin 2025 présidé par le chef de l’État, marque un tournant après cinq ans de dispositif social devenu «intenable financièrement», selon le rapport officiel. En effet, le texte souligne que la gratuité «affecte aujourd’hui la stabilité» des opérateurs publics TransUrb et Sogatra.
Pour mémoire, cette mesure prise sous l’ère Ali Bongo, visait à amortir l’impact économique de la crise sanitaire. Cependant, son maintien prolongé a aggravé les difficultés des deux entreprises: endettement chronique, parc automobile obsolète et dysfonctionnements structurels, régulièrement dénoncés par les syndicats.
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Face à cette situation, l’exécutif prévoit désormais un système d’abonnement annuel pour les usagers réguliers, afin de renflouer les caisses.
À l’heure de la transition, les avis des Gabonais divergent. Pour Loïc Nziengui, sans-emploi, la suppression est une menace. «Je suis contre cette décision. Cette mesure de gratuité aidait vraiment beaucoup de Gabonais, surtout ceux qui habitent loin du centre ville», confie-t-il
Josette Mebale, fonctionnaire, y voit un retour à la normale. «Je me rappelle que toute petite, je savais que Sogatra était payant et le coût du transport était à 100 francs CFA. Après il faut comprendre que la gratuité était liée au contexte de la Covid-19. Maintenant que la pandémie est derrière nous, il faut peut revoir les choses pour les personnes du 3ème âge sans moyens», pense-t-elle.
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En revanche, Martial Mabo, comptable, la juge nécessaire. «Ces entreprises ne peuvent pas fonctionner sans avoir la contrepartie (...) Il serait très important que ces entreprises pratiquent le système d’abonnement avec des prix symboliques», explique-t-il.
Si le gouvernement défend une «sortie progressive» pour ménager les usagers, il reste confronté à un double défi: préserver le pouvoir d’achat des plus vulnérables et sauver des entreprises au bord de l’asphyxie. La fin de l’exception pandémique s’annonce comme un test social majeur.