Aimée Délia Bilouni est une miraculée de l’accident vasculaire cérébral. Son témoignage en dit long sur le drame provoqué par ce «tueur silencieux» qu’est l’AVC. «J’ai été frappée d’un AVC en 2011, nous sommes en 2024, et j’ai traversé bien des épreuves. J’avais perdu la mémoire. Je ne pouvais plus m’asseoir. Je ne parlais plus. J’ai dû tout réapprendre, comme un enfant: m’asseoir, manger, essayer de me lever, faire un pas… L’AVC, c’est difficile, mais ce n’est pas une fatalité», témoigne la présidente de SOS-AVC.
Forte de son expérience, Délia a créé une association pour sensibiliser les familles gabonaises aux dangers de l’AVC et promouvoir un meilleur accompagnement des patients. À l’époque, elle a dû être évacuée vers un autre pays d’Afrique pour recevoir des soins intensifs, un calvaire qui a duré plusieurs mois.
Aujourd’hui, le Gabon dispose d’une unité neuro-vasculaire au CHU de Libreville. Cette structure permet aux médecins de pratiquer la thrombolyse, un traitement qui consiste à injecter un médicament afin de dissoudre le caillot sanguin et de traiter efficacement les victimes d’AVC.
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André Kossi, est l’ une des centaines de victimes d’AVC qui vante la prise en charge médicale locale rapide de cette pathologie. Il est passé à côté du pire, en septembre dernier. «En rentrant le soir à la maison, après le travail, je me suis couché vers 23h30. Puis autour de minuit, j’ai eu envie de me soulager. Au moment de me lever, je tombe. Je commence à ressentir un poids sur un côté, impossible de me tenir debout. C’est alors qu’intérieurement je commence à me demander si je ne suis pas en train de faire un AVC. Je n’arrivais plus à bouger. Ce n’est que le lendemain matin que ma famille m’a amené aux urgences de l’Hôpital d’Akanda avant d’être conduit en soins intensifs au service neuro vasculaire du CHU de Libreville», explique le délégué médical, la soixantaine révolue.
Autant d’exemples qui peuvent inspirer ceux en situation de détresse dès les premiers signes d’un AVC. Selon les neurologues, le cerveau reçoit à lui seul 15% du débit cardiaque et consomme environ 20% de l’apport en oxygène. Ce sang est acheminé par les carotides et les artères vertébrales, faisant du cerveau un organe particulièrement bien irrigué. Entre les différents vaisseaux, des connexions, comme des voies de secours, permettent de répondre rapidement aux besoins du cerveau pour assurer une alimentation continue de chaque partie. Lors d’un accident vasculaire cérébral, cette irrigation se trouve compromise.
«Dès l’apparition des premiers signes d’AVC, il est impératif de se rendre au plus vite à l’unité neuro-vasculaire du CHU de Libreville, spécialisée dans la prise en charge de l’AVC en phase aiguë. Il faut y arriver en moins de 4 heures», explique le Dr Annick Sounda, neurologue au Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL).
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Les spécialistes de la santé soulignent que les AVC représentent des affections extrêmement graves, avec un taux de mortalité atteignant un quart des patients touchés. Parmi les signes avant-coureurs de cette pathologie figurent notamment la paralysie soudaine d’une partie du corps ou du visage, des engourdissements ou une perte de force brutale. Dans certains cas, les capacités de parler et de comprendre peuvent être altérées, voire complètement perdues.
Pour prévenir et lutter contre les AVC, les neurologues recommandent de réduire la consommation d’alcool et de tabac, ainsi que de pratiquer une activité sportive régulière et intense. Ces mesures sont essentielles pour diminuer les risques et favoriser une meilleure santé cardiovasculaire.