A l’ancienne gare routière de Libreville, les signes de la mécanique de rue sont visibles: des voitures montées sur cric, des boîtes à outils, des taches d’huile, des chiffons sales… Nez sur le moteur ou allongés sous le châssis, les mécaniciens s’installent en plein air et proposent leurs services à une clientèle diversifiée. Véronique est arrivée ici toute désespérée car le système de refroidissement du moteur de son véhicule est défaillant depuis quelques jours. Son problème est en voie de trouver une solution.
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«J’ai une Terios et ses pièces d’origine se trouvent dans de grands magasins et c’est excessivement cher. Nous sommes obligés de nous rabattre à la gare routière. J’attends que les petits qui sont en train de rafistoler la pièce à moindre coût, au moins ça va me permettre de me déplacer. Au lieu d’être bloqué parce que je n’ai pas 100 et quelques mille à dépenser pour un ventilateur d’origine», confie-t-elle.
Les compétences s’apprennent en partie dans la rue: dès le plus jeune âge, de proche en proche, elles se distribuent à travers la pratique de dépannage express. Si les garages à ciel ouvert sont proscrits à Libreville, ils semblent avoir été tolérés sur ce périmètre urbain comme un mal nécessaire. C’est ici que nous rencontrons, Mohammed, un apprenti mécano, formé sur le tas.
«C’est une voiture qui est un peu difficile. Donc quand ça se gaspille, la chose à faire c’est d’adapter pour que ça fonctionne. C’est ce que nous avons fait sur le véhicule de maman ce matin... On a testé et ça fonctionne», explique le jeune homme de 31 ans.
Un vaste environnement du dépannage express derrière lequel prospère aussi la vente des pièces de réemploi. Les automobilistes sont de plus en plus nombreux à faire appel aux pièces détachées d’occasion : elles sont souvent moins onéreuses et répondent au même critères d’exigence en matière de qualité et de sécurité que des pièces d’origine.
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Wankoye est un de nombreux acteurs de ce marché. Le Nigérian de 48 ans vend des essuie- glaces à travers la ville. «On a tout ce qui concerne la voiture. Nous réparons presque toutes les pannes. J’ai entre mes mains une commande de client. Ce sont des balais d’essuie-glaces à placer», affirme-t-il.
Un arrêté municipal interdit pourtant toutes les activités de réparation automobile dans la rue, au motif d’une occupation abusive et salissante de l’espace public. En dépit des opérations de restauration de l’ordre urbain engagées en début d’année par la mairie de Libreville, les installations anarchiques persistent dans la capitale Gabonaise. Toute porte croire dans la lutte contre les garages à ciel ouvert que les différentes parties sont parvenues à signer un pacte de non agression.