Gabon: les nouveaux convertis à l’islam entre l’épreuve du jeûne et la quête de repères

Des musulmans priant dans une mosquée à Libreville, Gabon.

Le 27/03/2023 à 12h02

Devenir musulman au Gabon, c’est entrer dans une communauté plurielle, mais surtout minoritaire. Les musulmans ne représentent que 10% des croyants du pays, bien loin derrière les chrétiens. En ce début de ramadan, nous avons partagé l’expérience de Oumar et de Moustapha, deux jeunes jeûneurs fraîchement convertis à l’islam.

Une composante minoritaire mais significative de l’islam gabonais est constituée par des personnes nouvellement converties. Oumar, Gabonais, est catholique à l’origine. A 35 ans, il vit sa première expérience de jeûneur. «Jeûner c’est difficile. Il faut atteindre une certaine spiritualité et un contrôle de soi pour pouvoir faire ce jeûne. Si vous n’avez pas le contrôle et Dieu à côté de vous, et sans vous mentir vous ne pourrez pas aller au bout pour jeûner. Pour moi, je sais que j’ai Allah à mes côtés», confie le jeune converti.

Combien sont-ils aujourd’hui à vivre pareille expérience? Difficile à dire, car aucune donnée n’est disponible à ce jour.

À l’instar de Oumar, Moustapha 25 ans, observe ce mois de jeûne sacré, quatrième pilier de l’islam. Mais appréhende-t-il les choses de la même façon, surtout si on a choisi d’embrasser une nouvelle religion sur le tard?

«Vous savez, on ne peut pas mentir à Dieu. C’est comme si je vous affirmais que je ne vais pas abandonner, mais après je le fais. Vous voyez que c’est pas de Dieu que je vais me moquer. Mais de moi-même», prévient-il.

De son côté Ali, que nous avons rencontré dans une mosquée du quartier Plein Orety à Libreville, a embrassé la religion musulmane il y a seulement deux ans. «J’étais de culture catholique, mais j’avais arrêté de pratiquer», raconte ce jeune homme de la banlieue sud de la capitale Gabonaise. Agé aujourd’hui de 26 ans, pour lui l’arrêt de la pratique catholique se fait en parallèle avec la poursuite de la quête spirituelle. Ailleurs. Et d’abord avec «beaucoup d’amis musulmans que je fréquentais», explique-t-il.

Une première approche de l’islam, nourrie par des lectures et de rencontres avec d’anciens fidèles convertis depuis plus longtemps, dont les responsables d’associations qui encadrent et accompagnent les nouveaux venus. «C’est avec eux que j’ai pu avancer», précise Ali.

Et embrasser définitivement l’islam, en prononçant la chahada, la profession de foi islamique tirée du Coran: «J’atteste qu’il n’y a pas d’autre divinité que Dieu et que Mohammed est Son Envoyé.» Unique rituel, à faire devant deux témoins, nécessaires pour devenir musulman.

Le phénomène de conversion des jeunes à l’Islam n’est pas nouveau au Gabon. Il est juste en nette augmentation. Et de l’avis plusieurs observateurs religieux, les jeunes gens issus des quartiers qui se convertissent sont en quête de repères.

Ils rencontrent l’islam autour d’eux, et c’est l’islam qui vient répondre à leur questionnement sur la famille, l’autorité, etc. En venant à la mosquée, les jeunes convertis retrouvent un environnement, une démarche communautaire,. Ils se sentent alors entourés. Cheikh Mansour, prédicateur de la mosquée centrale de Libreville a un message pour les convertis en cette période de ramadan.

«À tous les nouveaux convertis ce n’est pas l’estomac qui jeûne, mais ce sont tous les membres du corps jeûnent., c’est-à-dire ne pas commettre de péchés», souligne, Cheikh Mansour.

Pour accompagner la démarche des nouveaux convertis, certaines mosquées ont cependant mis en place des formations qui leur sont notamment destinées.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 27/03/2023 à 12h02