Gabon: Libreville et la foire aux miracles des évangélistes

Un évangéliste ghanéen attire la foule à Libreville.

Le 19/06/2023 à 10h46

VidéoLe pasteur évangéliste ghanéen Dag Heward-Mills séjourne à Libreville depuis le début de la semaine. En campagne d’évangélisation autour du thème: «Jésus qui guérit», l’homme de Dieu draine des foules au stade de Nzeng Ayong.

Arrivé dans la capitale gabonaise, dimanche dernier, dans le cadre d’une vsite qui s’achève ce Weekend, le Bishop Dag Heward-Mills qui était très attendu par les leaders du Corps du Christ au Gabon, a reçu un accueil digne d’une méga star devant de milliers membres des mouvements évangélistes massés le long de la route menant à l’aéroport international Léon Mba de Libreville. Une arrivée en fanfare immédiatement suivie par un programme de prière chaque soir au stade de Nzeng Ayong, au 6ème arrondissement de Libreville.

Les absents du site ne ratent rien à la croisade. Tant et si bien qu’ils peuvent la suivre où qu’ils soient. Dans ce qui est donné à voir, l’homme de Dieu remue véritablement les foules, leur arrache des cris d’extase et des billets de banque, grâce à la magie de son verbe inspiré et qui met en scène le combat de Satan et de l’Esprit. Des scènes amplifiées pendant des jours et qui reflètent la montée en puissance des églises pentecôtistes au Gabon . Mais cette foire aux miracles était autant décriée par les activistes gabonais qu’ applaudie par une partie de l’opinion publique.

«Cette campagne d’évangélisation qui se tient en ce moment à Libreville est fort justifiée parce qu’elle interpelle les gens à revenir au seigneur parce que l’homme s’est totalement détourné de Dieu», pense Arnaud Meye, un fidèle chrétien.

En effet, dès son arrivée à Libreville, le bishop ghanéen a fait la promesse que plusieurs personnes seront sauvées, changées, guéries et délivrées d’esprits méchants. Une déclaration qui n’a pas manqué de faire réagir plusieurs observateurs au point de susciter un tollé sur la Toile.

«Il délivre de quoi? La paresse de l’homme noir l’oblige à ne penser qu’à la providence et au miracle quand les autres travaillent au quotidien pour améliorer leurs conditions de vie. Au Gabon on dort dans les églises en attendant des miracles. Pitié» s’est indigné Marc Ona Essangui, figure emblématique de la société civile au Gabon, sur sa page facebook.

Dans sa politique d’évangélisation et de conversion des âmes, le pentecôtisme a des origines bien lointaines au Gabon. Pour Hervé Essono Mezui, Historien des religions, derrière l’effervescence de la croisade de Dag Heward-Mills est comme tant d’autres avant celle en cours à Libreville, il faut y voir «la montée des mouvements religieux qui sont encore en pratique dans une phase de conversion»... poursuit-il.

«Le deuxième enjeu qu’il faut voir, c’est au niveau de l’état d’esprit de la population elle-même qui reçoit ces messages. La population gabonaise est encore dans ce que j’appelle la carpologie spirituelle entre les croyances traditionnelles ancestrales et ces croyances nouvelles. Dans cet échange, les Gabonais sont souvent face à une forme de mutation, une forme d’adaptation face à cette réalité...». Selon le spécialiste des religions, la quête du miracle est justifiée par «la paupérisation, la pauvreté, la misère psychologique, mentale, matérielle...».

«Par la grâce de Dieu, le Gabon ne sera plus jamais le même» a déclaré l’évangéliste Ghanéen, médecin de formation. Faut-il le croire? Le débat reste ouvert. Pendant près de quatre jours, sa visite était coordonnée par Le corps du Christ au Gabon, une organisation regroupant plusieurs églises évangéliques.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 19/06/2023 à 10h46