Gabon: naufrage d’Esther Miracle, un an après, des questions sans réponses

Premier anniversaire du naufrage dEsther miracle.

Le 11/03/2024 à 11h38

VidéoAu Gabon, à l’occasion du 1er anniversaire du drame inédit d’Esther Miracle, le gouvernement de transition s’est joint le samedi 9 mars aux associations de parents de victimes et rescapés du naufrage du ferry qui s’était échoué au large de Libreville provoquant 34 morts. Un an plus tard, le collectif des rescapés et proches des victimes de cette catastrophe maritime court encore après les réparations et les suites de l’enquête judiciaire.

Le 9 mars 2023, l’Esther Miracle, qui reliait la capitale Libreville, au port pétrolier de Port-Gentil, a chaviré en pleine nuit. Un an après, Eve Bertille ne s’est jamais remise de ce drame qui a emporté son fils de 29 ans. Il fait partie de la liste des naufragés portés disparus. «Je vous jure que je vis le cauchemar. Je me rappelle sans cesse de l’heure du dernier coup de fil où il me dit “maman, c’est le Titanic ici”. Ces mêmes heures retentissent dans ma tête comme l’horloge», témoigne-t-elle, la gorge presque nouée.

La douleur des familles des disparus d’Esther miracle reste intacte et des questions, elles, restent en suspens. Sur le site du recueillement, devant les cierges allumés autour des photos des victimes, Chanty Verda réclame la justice sur les circonstances de la mort de son père et de sa mère. Le couple était de ce voyage sans retour.

«Pour faire son deuil, on a besoin d’explications. Aujourd’hui, ça m’a fait du bien de rencontrer certaines personnes, notamment le commandant du bateau qui avait porté secours aux passagers d’Esther miracle. Mais également nous voulons un procès, avoir des explications», a-t-elle expliqué.

Ce sont autant de témoignages glaçants de rescapés, proches ou parents de victimes du naufrage. Une catastrophe avec son lot de traumatismes qui requiert un accompagnement psycho-social des victimes collatérales du ferry de la compagnie Royal Cost. C’est ce que recommande une équipe de spécialistes regroupés au sein de l’ONG les «Chirurgies de l’espoir». «Les autorités compétentes doivent pouvoir s’intéresser au côté sanitaire, mettre un dispositif des équipes médicales outillées pour les accompagner dans la difficulté qui est la leur aujourd’hui», a souligné le docteur Ephrem Mbou faisant partie de cette ONG dynamique.

Devant les familles éprouvées et traumatisées, le gouvernement a pris la mesure de leur détresse et promet de les accompagner. «Il n’ y a aucune somme d’argent qui peut ramener en vie la personne ou les personnes qu’on a perdues. Le traumatisme est une question de réparation personnelle, à l’intérieur de nous-mêmes...», a déclaré Raymond Ndong Sima, le Premier ministre à l’endroit des victimes du naufrage.

Dans l’attente d’une issue, les enquêtes tardent depuis l’année dernière. Les associations des rescapés et des victimes du naufrage d’Esther miracle attendent des autorités la construction d’une stèle en hommage aux disparus sur le quai du port môle à Libreville et la prise en charge sociale des orphelins de l’accident.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 11/03/2024 à 11h38