Le Gabon a classé neuf sites d’importance internationale sur la liste de Ramsar, le plus grand réseau mondial d’aires protégées. Mais le pari de la protection des zones humides reste ici un combat pour l’ONG locale Plumera. Depuis quelques années son président, Landry, et ses équipes, sont engagés dans un projet de reboisement de mangroves à Libreville.
«Notre projet consiste à reboiser 30 hectares de mangroves dans la commune d’Akanda uniquement. Et c’est un projet financé par le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement). En même temps, nous envisageons de reboiser 10 hectares du côté d’Owendo. On constate que certaines populations font fi de toutes les lois existantes qui protègent la mangrove. On est donc obligé de passer par voie judiciaire. On s’attache les services des cabinets d’huissiers et des autorités compétentes pour nous accompagner et nous aider dans cette tâche», explique Landry.
Reboisement de la mangrove de libreville. le360 Afrique/Ismael
L’ONG aurait déjà entamé des poursuites contre une dizaine de spéculateurs immobiliers.
Ces dossiers sont en instruction, avec le secret espoir qu’ils aboutissent à des pénalités à l’encontre des contrevenants à la loi. En attendant, le désastre écologique se poursuit dans la zone nord de Libreville où le massacre des palétuviers pèse chaque jour sur la reproduction des fruits de mer et des crustacés. Il suffit de faire le déplacement des bourgades proches de la capitale gabonaise pour s’en convaincre.
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Yan est un jeune homme qui fait vivre sa famille avec les revenus tirés de la pêche aux crabes. «C’est ça notre source de vie. J’ai commencé à pêcher les crabes à l’âge de 8 ans, aujourd’hui j’ai 22 ans. Je ne pêche plus grand-chose parce qu’ils ont détruit la forêt des mangroves», déplore-t-il.
Face à la dégradation des milieux naturels à Libreville et ses environs, c’est une véritable course contre la montre pour les ONG écologistes et les services compétents. L’urgence de la situation demande à repenser l’impact des êtres humains sur l’environnement et une occasion de restaurer des écosystèmes vitaux comme les zones humides. «Il y a vraiment une cohabitation conflictuelle entre les cités, les rivières et les zones humides. C’est surtout lié à des problèmes d’espace... Donc on est parti de ce constat pour dire qu’il faut que le monde se lance dans une stratégie de restauration de ce qui a été dégradé. Ce n’est que comme ça qu’on peut récupérer les services écologiques que rendaient certains écosystèmes aquatiques», explique Jean Hervé Mve Beh, directeur général des écosystèmes aquatiques au ministère des Eaux et Forêts.
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Les zones humides sont en effet des puits de carbone extrêmement efficaces: elles retiennent près de 30% de tout le carbone terrestre, soit deux fois plus que les forêts au niveau mondial, elles sont un rempart contre les effets du changement climatique (érosion du littoral, inondation ou encore sécheresse). Par ailleurs, elles représentent des réservoirs d’eau potable et un véritable refuge pour la biodiversité.