Surnommé «l’homme au pied magique», Koundou Waka est aujourd’hui reconnu comme un artiste complet, charismatique et visionnaire, qui a su transformer sa différence en force et inscrire son nom dans l’histoire culturelle guinéenne.
Abraham Sonty, alias Koundou Waka, c’est avant tout, la résilience et l’authenticité. Dès son enfance, il se découvre un handicap, mais sa détermination finit par l’emporter. «J’ai joué au football. On formait deux équipes. On mettait même de l’argent en jeu. Et jamais on ne me considérait comme infirme. Ma mère n’a jamais accepté cette idée, mon père non plus. Mes frères non plus. Personne, je vous jure, n’a jamais voulu que je sois considéré comme un infirme. Parfois, je me demandais: pourquoi les gens ne voient pas mon handicap?», confie l’artiste Abraham Sonty.
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En 1998, il enregistre à Abidjan son tout premier album, qui sera le plus vendu trois ans plus tard. Sa force, il la doit à une voix expressive, une danse singulière baptisée Koundou Waka, et une présence scénique qui captive les foules: «En fait, c’est parce qu’ils n’étaient pas habitués aux mots que j’utilisais. Ils trouvaient ça poignant, choquant, dérangeant. Et puis, ils ne connaissaient pas ce rythme. Le rythme dansant, c’est moi qui l’ai introduit en Guinée», confie Abraham Sonty.
Pour Madiba Kaba, journaliste, ne tarit pas d’éloges sur l’artiste «c’est une forme de prophétie, quand j’écoute ses chansons, depuis le premier titre ”Koundou Waka”, je sais que c’est une parole qui questionne. Il a toujours eu un regard critique sur nos manières de faire et de voir les choses. Dans nos sociétés, il pénètre les mystères. Dans nos familles, dans nos vies, c’est de la prophétie musicale».
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Surnommé «l’homme au pied magique», Koundou Waka, c’est aussi un engagement social fort. Militant pour l’inclusion des personnes handicapées, et plus globalement, il parle de tout, bonne gouvernance, respect des mœurs et de la dignité humaine. il s’affirme comme un modèle de courage et d’inspiration pour les jeunes artistes.
«Même le chef d’État, le général Lansana Conté, m’a convoqué. Toute la Guinée le sait. Pour certains, j’avais osé critiquer le président. J’ai dit: Oui, je peux critiquer le président, j’en ai le droit. Mais en réalité, je parle de la population. Mon message portait sur quoi? Sur l’éducation. J’ai dit les parents ont démissionné de leur rôle éducatif, et c’est un échec collectif».
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Fort de plus de vingt ans de carrière, Abraham Sonty a su garder une longueur d’avance en restant parfaitement lié aux tendances musicales tout en demeurant fidèle à ses racines. Aujourd’hui, sa plus belle fierté, reste son titre d’ambassadeur et artiste invité du festival Afrique qui se tient au parc des prince à Paris les 5 et 6 septembre prochain.