La Guinée n’échappe pas à la fièvre du numérique qui s’empare de la planète, comme l’explique Antoine Loua, formateur dans un cybercafé de Conakry, «les gens disent aujourd’hui que le monde est au bout des doigts, allusion à l’informatique. Donc c’est une discipline devenue incontournable». Ces mots reflètent une réalité, celle du numérique qui s’est immiscé dans tous les secteurs d’activité, des plus techniques aux plus traditionnels.
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D’un point de vue sociologique, cette transformation numérique entraîne des changements profonds dans les modes de vie, les rapports sociaux et les représentations culturelles. L’acquisition de compétences numériques devient dès lors un enjeu d’intégration sociale et professionnelle majeur.
Sur le plan économique, la maîtrise du numérique est aujourd’hui un atout concurrentiel indéniable. Les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur secteur d’activité, ont recours à des outils et plateformes numériques pour optimiser leurs processus et rester compétitives. Comme le souligne Antoine Loua, « en ingénierie, il y a des logiciels que nous utilisons, le numérique est incontournable. »
Cette nécessité de s’adapter au numérique touche également les administrations publiques, qui se doivent de numériser leurs services pour répondre aux attentes des citoyens et améliorer leur efficacité. C’est d’ailleurs ce que déplore Nene Yaya Baldé, une apprenante, confrontée à des difficultés administratives faute de compétences et qui reconnaît avoir «quelques problèmes au niveau de mon administration. Je suis souvent tenue de trouver quelqu’un pour faire le travail à ma place.»
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Face à ces enjeux sociaux, économiques et administratifs, la formation numérique apparaît comme un levier essentiel pour permettre à la Guinée de réussir sa transition numérique «dans chaque préfecture, région ou village, il faut mettre en place un système d’apprentissage de l’informatique pour permettre à chacun d’apprendre, vieux ou jeune. Que le Guinéen puisse utiliser l’ordinateur, c’est crucial dans le développement de notre pays», préconise Antoine Loua.
Pour combler ce gap, les autorités ont doté le pays d’une stratégie de numérisation menée par l’Agence Nationale de Digitalisation de l’Etat selon laquelle «à l’horizon 2026, la Guinée disposera d’une administration fortement digitalisée et d’un développement durable du numérique qui crée des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux pour les citoyens, le secteur privé et public, de façon inclusive.»
En 2022, Gaëlle Boz, co-fondateur d’Africa Digitale Académie, avançait qu’en Guinée il y a 3,15 millions d’utilisateur d’internet, soit seulement 23% de la population. Près de 2,40 millions de Guinéens utilisent les réseaux sociaux soit 17,6% de la population contre, à titre de comparaison, 23,4% en Côte d’ivoire.
Pour mener à bien sa stratégie numérique, la Guinée bénéficie de l’appui technique et financier de plusieurs partenaires comme la Banque mondiale qui a approuvé, fin 2023, un programme de 266,5 millions de dollars visant à améliorer l’accès à Internet en Gambie, en Guinée, en Guinée-Bissau et en Mauritanie, et à promouvoir un marché numérique unique en Afrique de l’Ouest.