Guinée: sous perfusion, la forêt de Kakimbo agonise

La forêt de Kakimbo à Conakry.

Le 14/08/2024 à 09h51

VidéoDans cet écosystème, rempart contre le dérèglement climatique en raison de sa capacité de stockage des gaz à effet de serre, se côtoient en bonne intelligence ordures, insécurité et urbanisation anarchique. Conakry risque d’être amputée de son poumon réduit à quelque 20 hectares.

«Nous invitons chaque Guinéen et chaque Guinéenne à prendre davantage conscience du rôle et de l’importance des arbres et des forêts pour la vie sur terre. Nous en appelons au changement de comportement.» Cet appel de la ministre de l’Environnement et du développement durable, Djami Diallo, lancé en juillet dernier lors d’une campagne de reboisement est symptomatique de l’état de dégradation dans lequel se trouve la forêt classée de Kakimbo à Conakry.

Cette forêt s’étalait sur 115 hectares en 1983, actuellement il n’en reste qu’à peine 20. Cette foret a été classée par l’administration coloniale en 1945 pour son importance dans le stock de gaz à effet de serre et déclarée zone d’utilité publique en octobre 1983.

Cet écosystème forestier est constamment humide. Un climat qui change dès qu’on quitte la zone. Sauf qu’ici, depuis peu, l’endroit a cessé d’être le lieu de refuge privilégié des Guinéens. Agressée de toute part, la forêt perd du terrain. Malgré tout, l’endroit continue à faire rêver. Aussi, cet espace très fréquenté à l’époque, est aujourd’hui quasi désert.

Rares sont les personnes, comme Ibrahima Diakite qui osent encore arpenter les sentiers de cette forêt. «Cette vieille est malheureusement devenue un refuge pour bandits qui arrachent les biens de leurs victimes. Je me demande à quoi servent les éléments des forces de sécurité postés juste à côté. A partir de 20h, personne ne peut passer par ici».

Les ordures, voilà aussi l’autre problème qui affecte la forêt de Kakimbo. Les autorités essaient de lutter contre ce phénomène, sans succès, regrette Ibrahima Diakité, «la forêt est prise d’assaut par les ordures, il y en a quasiment partout. Si les forces de sécurité qui sont positionnées faisaient convenablement leur travail, est-ce que quelqu’un oserait jeter ses détritus ici? Bien sûr que non!», s’interroge Ibrahima.

Cette zone protégée et caractérisée par ses arbres très haute n’a jamais été aussi fragile. Menacée de toute part. Urbanisation, insalubrité et insécurité. Pas de doute que les autorités doivent agir pour protéger ce joyaux vert.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 14/08/2024 à 09h51