«Il se souciait de nous»: la RDC touchée par la mort du pape

Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, applaudit alors que le pape François prononce un discours dans le jardin du Palais de la Nation, à Gombe, Kinshasa, le 31 janvier 2023.. AFP or licensors

Le 22/04/2025 à 10h44

VidéoLes cloches ont sonné lundi en République démocratique du Congo, en hommage au pape François décédé à 88 ans. Le ciel était pluvieux et l’émotion vive dans le plus grand pays catholique d’Afrique, où le souverain pontife est considéré comme une « voix pour les sans voix.»

A Kinshasa, la capitale du pays, les fidèles sont venus rendre hommage au pape tout au long de la journée dans les églises.

Lundi matin à la cathédrale de Kinshasa, Madeleine Bomendje, une fidèle, avait encore peine à y croire: «C’est vrai qu’il était malade, il souffrait mais je n’en reviens pas. C’est un choc terrible».

François «avait de l’altruisme, il se souciait de nous, de notre pays», ajoute-t-elle d’une voix tremblante.

Le soir, quelques fidèles se sont rassemblés dans cette cathédrale pour une messe en hommage à un pape présenté comme proche «des pauvres, des malades, des marginaux», par le séminariste Pierre Moluba, face au public.

L’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo, considéré par certains observateurs comme un candidat potentiel pour devenir le premier pape noir, est venu se recueillir devant le portrait de François érigé devant l’autel.

La nouvelle tombée le matin «a eu l’effet de tonnerre», dit-il.

La visite du souverain pontife dans la capitale congolaise en 2023 avait marqué les esprits et témoigné d’une ferveur catholique encore bien vivace en RDC, pays de quelque cent millions d’habitants, qui compte selon les estimations environ 40% de catholiques (49% selon le Vatican).

Le pape François avait célébré une messe en plein air qui, selon les autorités, a rassemblé plus d’un million de fidèles dans la mégalopole d’environ 17 millions d’habitants.

A cette occasion, il avait notamment dénoncé le «colonialisme économique», et déclaré que l’Afrique «n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser».

La RDC, pays riche en ressources naturelles est aussi l’un des plus pauvres au monde, et ses régions orientales sont en proie à des conflits armés qui durent depuis plus de trente ans.

La catastrophe humanitaire, au fil de plusieurs décennies de violences, est souvent tombée dans un oubli dénoncé par les organisations de défense des droits humains.

Alors les prises de position du souverain pontife pour la paix, contre la corruption et l’exploitation des richesses minières par des pays étrangers en RDC, ont trouvé un fort écho au sein d’une population fatiguée de la guerre.

«Il a aimé notre pays»

Le pape François était «la voix des sans voix», il a attiré l’attention du monde sur les « souffrances oubliées » en RDC et ailleurs, estime l’abbé Camille Esika, recteur de la cathédrale de Kinshasa.

Sa mort est «une grande perte, non seulement pour l’église catholique mais surtout pour les pauvres du monde entier», ajoute-t-il.

En 2023, François avait également prévu de se rendre dans l’est de la RDC, en proie à la résurgence du groupe antigouvernemental M23, mais sa visite avait été annulée à cause de l’insécurité.

A Goma, grande ville de l’est de la RDC tombée aux mains du M23 fin janvier et meurtrie par les combats, les mots du pape en faveur de la paix dans la région sont restés dans les mémoires.

Une centaine de fidèles ont bravé l’orage pour lui rendre hommage sous les arches bétonnées de la cathédrale de Goma, qui s’élèvent dans un ciel pluvieux entre le lac Kivu et les volcans du parc national des Virunga.

«La guerre l’a empêché d’arriver, mais il était déterminé à venir ici à Goma», se souvient l’abbé Janvier Dushime. «Ce que nous pouvons retenir de sa vie, nous fidèles du Congo et des diocèses de Goma, c’est qu’il a aimé notre pays».

Le pape François était «quelqu’un qui voulait s’associer à la souffrance des gens et œuvrer pour la réconciliation», déclare Christian Tauza, un habitant de Goma venu assister à l’office.

Dans un communiqué publié lundi, le président de la RDC Félix Tshisekedi a lui aussi salué l’engagement «indéfectible pour la paix» du souverain pontife ainsi que sa «simplicité» et sa proximité avec les plus vulnérables».

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 22/04/2025 à 10h44