La Guinée lance sa 3e saison: des montagnes de Dalaba, pour que le tourisme prenne de l’altitude

Collines et nature luxuriantes s'offrent aux randonneurs à Dalaba.

Le 30/10/2024 à 12h09

VidéoRemonter le temps en escaladant les échelles de Douki, respirer à pleins poumons l’air pur d’une pinède de montagne, enfourcher une moto, goûter aux délices du miel local... Dalaba regorge de découvertes qui garantissent un dépaysement total, même sous les toits du nouveau village écologique, Tinka, qui se fond dans le paysage.

La simple évocation du nom de Dalaba fait penser à son climat spécial et agréable, sa nature verdoyante et ses chutes d’eau. Située à environ 360 kilomètres de la capitale Conakry, la ville culmine à plus 1.200 mètres, une altitude qui lui confère un port altier qui rajoute à sa splendeur, confie Hassane Bah, guide touristique. «Il y a plein de choses à découvrir, comme les montagnes, les belles falaises, les cours d’eau... et bien entendu les fameuses échelles de Douki», le guide ne tarit pas d’éloges sur le site.

En citant les échelles de Douki, Hassane Bah revient sur une page d’histoire de la Guinée. Faites de bambou et de lianes qui font office de marches, «elles ont été construites en d’autres temps pour permettre aux villageois de la plaine, souvent des captifs, d’accéder plus rapidement aux villages des nobles peuls sur les plateaux. Avec ces échelles, ils évitaient ainsi un long détour dans leur quotidien de labeur (...). Au début du XXe siècle, ces échelles ont été fréquemment utilisées par les Peuls pour se cacher et échapper à la réquisition de troupes pour l’armée coloniale d’alors, mais aussi pour soustraire leurs enfants qu’on obligeait à aller à l’école ‘des Blancs’» relate une site touristique mondialement connu.

Une Histoire à la rédaction de laquelle ont contribué plusieurs générations de grands lettrés musulmans comme le rappelle la case Fougoumba. Vieille de «532 ans», cette hutte était le lieu où se déroulait le couronnement des almamy (chefs) musulmans du Fouta Djallon et qui sera bientôt «inscrite sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO», selon le ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, Moussa Moïse Sylla.

Cette page d’histoire tournée, les autorités guinéennes ont pallié le manque en hébergements à travers l’Office national du tourisme, ont mis en place un village nommé Tinka constitué de ces logements modernes et écologiques.

Docteur Joël, enseignant, a testé les nouvelles infrastructures hôtelières et estime que ce village est «impressionnant. Le tourisme et l‘hôtellerie en avaient vraiment besoin.»

Et si Dalaba est appelé «La petite Suisse de Guinée», ce n’est pas uniquement pour son climat, c’est aussi pour ses immenses pins. Augustin Chevalier, botaniste français a planté ces arbres en 1906 qui se trouvent actuellement éparpillés partout en ville, indique Boubacar Sow, guide touristique. «Ces arbres représentent beaucoup pour la Guinée et pas seulement pour la ville de Dalaba. C’est cette pinède qui offre à cette région la fraîcheur revigorante et l’environnement si spécial. Pour nous c’est une fierté

Sous ces arbres, plusieurs initiatives ont été prises au profit des touristes qui peuvent trouver hébergement, camper et se restaurer. Au village touristique, aux échelles de Douki, à la case Fougoumba et à la pinède s’ajoutent les chutes de Ditinn, le pont de Dieu... autant de merveilles à visiter.

Ce patrimoine naturel et historique sont autant d’atouts qui permettent aux guides, comme Hassane Bah, de mettre en place des itinéraires pour les touristes. «J’ai créé beaucoup de circuits. Une personne peut venir rester une semaine. Chaque jour a une valeur ajoutée. Il faut être créatif» se réjouit le guide. Les randonnées à vélo ou à moto qui sont incontournables. Des vélos loués à 20.000 et les motos à 50.000 francs guinéens, permettent de faire le tour du site.

Une richesse artisanale en quête de reconnaissance

La générosité de la nature ne saurait faire oublier le génie créateur des artisans dont les œuvres ne manqueront pas de séduire plus d’un. Pour peu qu’il y ait des visiteurs. Kade Camara, directrice de l’Office nationale du tourisme, en est consciente «en visitant les stands, on voit la diversité artisanale que Dalaba offre. On a pu acheter le miel fait naturellement comme on peut acquérir divers objets artisanaux spécifiques à Dalaba. Je demande aux artisans de tenir bon car ça va changer» dit-elle convaincue que le tourisme guinéen est promis à de beaux jours.

Et puis en fin, c’est surtout aux populations de Dalaba que profitent ces fréquents séjour de touristes. Le lancement de la nouvelle saison touristique a permis de redynamiser la ville. Sans doute que les défis sont nombreux. La destination requiert davantage d’aménagements, un personnel mieux formé, une promotion à la hauteurs des ambitions légitimes de la région et doter l’Office nationale du tourisme de plus de moyens. Néanmoins, Dalaba reste l’une des villes si ce n’est la mieux dotée en infrastructures touristiques et attend impatiemment les visiteurs.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 30/10/2024 à 12h09