Le Gabon lance une campagne de recensement des «fonctionnaires fantômes»

le siège du ministre de la Fonction Publique et du Renforcement des Capacités du Gabon.

Le 27/10/2024 à 20h05

Le gouvernement gabonais a lancé vendredi une campagne de recensement des agents publics, appelés à se présenter physiquement pour toucher leur salaire, après que 13.000 «fonctionnaires fantômes» ont été dénombrés lors d’un récent audit visant à assainir les finances.

Cet audit a permis d’identifier «un peu plus de 13.000 agents publics qui sont en situation d’abandon manifeste de leurs postes et continuent à percevoir indûment leur traitement chaque fin de mois», selon des chiffres publiés mi-septembre sur la page Facebook de la primature du Gabon.

Depuis, un nettoyage des fichiers a permis de ramener ce chiffre à 9.000 noms en écartant les morts, les retraités et les radiés, selon les responsables du recensement.

Les convocations ont été envoyées pour vérifier les situations, alors que l’on sait que certains «se retrouvent même à l’étranger, en train de refaire une vie, tout en étant fonctionnaire», a expliqué à l’AFP le lieutenant-colonel Ossiba, membre de la Task-Force Territoire de la Solde.

Ceux qui ne se présentent pas ou ne peuvent justifier de leurs absences risquent une suspension, un blâme ou une radiation définitive.

«Le but est de redresser les comportements, changer les mauvaises manières de faire et avoir une fonction publique efficace», selon le lieutenant-colonel Ossiba.

De tels recensements ont été faits sous la présidence d’Ali Bongo - renversé le 30 août 2023 par un putsch militaire - mais selon le représentant du nouveau pouvoir, «avec le système de l’époque, les gens n’avaient pas le courage de prendre des décisions jusqu’au bout».

«Si le gouvernement a constaté qu’il y a effectivement des personnes (...) qui sont salariées alors qu’elles ne devraient pas l’être, (...) c’est naturellement normal qu’on puisse nettoyer ce fichier», commente Sosthène Otogho, 42 ans, l’un des agents convoqués pour vérification dans un gymnase de Libreville.

«Nous passons tout le temps à être recensés mais sans résultat. On n’identifie pas les vrais fantômes. Et on nous dit que c’est nous qui alourdissons la masse salariale. Les salaires qu’on nous verse ne peuvent pas, nous semble-t-il, alourdir la masse salariale», proteste Aimé Mapangou, un professeur de français de 56 ans, lui aussi convoqué.

Le Gabon compte 109.267 fonctionnaires - pour une population d’environ 2,4 millions d’habitants -, selon des chiffres publiés en septembre lors d’un colloque gouvernemental sur la fonction publique.

Dans le nouveau budget adopté par le gouvernement de transition, la masse salariale de l’Etat est passée de 704 à plus de 771 milliards de francs CFA entre 2023 et 2024 (1,08 à 1,18 milliard d’euros).

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 27/10/2024 à 20h05