Les 10 pays les plus «misérables» d’Afrique en 2023 selon l’indice annuel de Hanke (HAMI)

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Le 18/03/2024 à 09h45

Hyperinflation galopante, taux d’emprunt prohibitifs et chômage de masse... Le dernier indice de misère économique de l’économiste Steve Hanke dresse un sombre tableau pour de nombreux pays d’Afrique, piégés dans un cycle vicieux aux conséquences humaines et sécuritaires dramatiques.

Quand la misère économique devient un fardeau insoutenable. Selon le récent indice annuel de misère économique (HAMI) de l’économiste Steve Hanke pour 2023, plusieurs pays d’Afrique subsaharienne figurent parmi les plus mal classés au monde. Un triste présage des défis colossaux qui attendent la région pour briser la spirale de la précarité, de l’instabilité et du gâchis de potentiel humain. Cet indice composite prend en compte le taux de chômage, l’inflation, les taux d’emprunt bancaires et la croissance du PIB réel par habitant pour mesurer le niveau de misère économique d’un pays.

Le Zimbabwe arrive en tête de ce sombre palmarès pour la région, avec un score HAMI de 242,2, principalement tiré par des taux d’emprunt bancaires faramineux de 116%. Le Soudan (212,9) et l’Afrique du Sud (75,6) complètent le podium, plombés respectivement par une inflation galopante de 131,3% et un taux de chômage élevé de 29,3%.

Au total, 10 pays d’Afrique subsaharienne figurent parmi les 20 économies les plus misérables au monde selon le HAMI 2023: le Zimbabwe, le Soudan, l’Afrique du Sud, le Malawi, l’Angola, Sao Tomé-et-Principe, le Ghana, Madagascar, la République du Congo et l’Eswatini. À l’échelle mondiale, l’Argentine est le pays le plus misérable.

Les principaux facteurs ayant contribué à ces scores élevés varient selon les pays, mais l’inflation élevée, les taux d’emprunt bancaires prohibitifs et le chômage de masse sont récurrents. À titre d’exemple, le Malawi (32%), l’Angola (20%) et le Nigeria (29,1%) souffrent d’une forte poussée inflationniste. Le Zimbabwe, Madagascar et le Ghana sont particulièrement pénalisés par des taux d’emprunt bancaires exorbitants, dépassant les 100% pour le premier cité. Quant au chômage, il ronge des économies comme l’Afrique du Sud, Sao Tomé-et-Principe, la République du Congo ou encore l’Eswatini avec des taux supérieurs à 19%.

Ces situations économiques désastreuses ont d’importantes implications. L’inflation galopante érode considérablement le pouvoir d’achat des populations, générant une précarité accrue. Les taux d’emprunt exorbitants asphyxient l’investissement productif et l’accès au crédit, bridant la croissance économique. Le chômage de masse plonge des pans entiers de la population dans la pauvreté et la marginalisation sociale. Au final, ces pays cumulent les handicaps pour assurer le développement économique et l’amélioration des conditions de vie.

Selon Steve Hanke, «si des réformes d’envergure ne sont pas entreprises pour assainir les fondamentaux économiques, redresser la productivité et restaurer la confiance des investisseurs, ces pays risquent de rester englués durablement dans un cycle vicieux de misère économique et sociale». Cela nécessitera des politiques volontaristes pour maîtriser l’inflation, assainir les finances publiques, favoriser un environnement propice aux entreprises et former une main-d’œuvre qualifiée. Un défi colossal pour briser la spirale de la misère.

Un fardeau humain et sécuritaire aux lourdes implications

Au-delà des simples statistiques, la misère économique a un coût humain dramatique pour les populations concernées. Le pouvoir d’achat rongé par l’hyperinflation, conjugué au chômage de masse et au manque d’opportunités, plonge des millions de personnes dans une précarité extrême. L’accès à une éducation et des soins de santé décents devient un luxe. Les enfants sont les premières victimes, avec des conséquences désastreuses sur leur développement et leurs perspectives d’avenir. La malnutrition sévit et les risques sanitaires s’accroissent.

Cette situation constitue également un terreau fertile pour l’instabilité politique, les troubles sociaux et l’insécurité. Le mécontentement populaire face à une dégradation inexorable des conditions de vie exacerbe les tensions. Les groupes extrémistes violents profitent de ce climat de désespoir pour recruter parmi les jeunes sans perspectives. Certains pays, comme le Soudan, le Nigeria ou le Mozambique, sont déjà confrontés à l’insurrection djihadiste sur leur territoire.

PaysClassement mondialClassement en AfriqueScore
Zimbabwe5e1er242.2
Soudan6e2e212.9
Afrique du Sud10e3e75.6
Malawi11e4e73.2
Angola14e5e67.4
Sao Tomé et Principe21e6e63.5
Ghana23e7e60.8
Madagascar24e8e60.0
Congo (Brazzaville)25e9e59.1
Eswatini26e10e59.0

Autant dire que la route pour sortir ces pays du piège de la misère économique sera longue et semée d’embûches. Mais l’inaction aura un prix encore plus lourd en termes de souffrances humaines, d’instabilité et de gâchis de potentiel pour toute une région.

Par Modeste Kouamé
Le 18/03/2024 à 09h45