Dans un document publié le 18 décembre et approuvé par le pape François, le dicastère (ministère) pour la Doctrine de la Foi a autorisé la bénédiction des couples «irréguliers» aux yeux de l’Eglise, incluant les couples remariés et les couples de même sexe, à condition qu’elle soit donnée en dehors des rituels liturgiques.
Ce qui est largement considéré comme un changement doctrinal majeur a provoqué la réprobation de nombreux dignitaires catholiques en Afrique, à laquelle se joignent ceux du Sénégal.
«Dans le contexte actuel d’une légitimation ou légalisation progressive et insidieuse de l’homosexualité et d’autres déviations morales, nous, vos pasteurs, évêques du Sénégal, affirmons clairement que, dans nos diocèses, aucune forme de bénédiction liturgique ou extra-liturgique ne peut être administrée à deux personnes de même sexe qui en feraient la demande expresse en tant que couple», écrivent l’archevêque de Dakar et les évêques du Sénégal dans un communiqué daté de jeudi et transmis vendredi à l’AFP.
L’homosexualité y est qualifiée de «déviation morale de notre temps». «Les déviations morales, de manière générale, et en particulier l’homosexualité en ses diverses expressions, sont considérées, dans l’Eglise, comme une abomination à l’encontre de la volonté de Dieu», disent les évêques, tout en soulignant la nécessaire «sollicitude de l’Eglise à l’égard de toute personne... quels que soient son choix et son orientation de vie».
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Quant aux couples de concubins ou divorcés remariés, «il ne faut en rien altérer la doctrine de l’Eglise», disent-ils.
Le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), qui représente les évêques catholiques du continent, a déjà déclaré le 11 janvier que la bénédiction des couples homosexuels «n’était pas appropriée» en Afrique. Une telle bénédiction «serait en contradiction directe avec l’éthos culturel des communautés africaines», disait le SCEAM.
Une trentaine de pays d’Afrique, sur une cinquantaine au total, interdisent l’homosexualité, selon l’Association internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexes (ILGA). Elle est punie très sévèrement dans certains d’entre eux.
Au Sénégal, l’homosexualité est largement considérée comme une déviance. La loi y réprime d’un emprisonnement d’un à cinq ans les actes dits «contre nature avec un individu de son sexe».
La communauté catholique du Sénégal vit dans une grande concorde avec la population musulmane ultra-majoritaire.