Liberté, conditions de travail, autonomie financière… les revendications des journalistes ivoiriens

Le 28/05/2023 à 07h31

Vidéo«Liberté», «plus de condamnation des journalistes», «les journalistes veulent travailler dans la quiétude!» étaient les slogans scandés par les journalistes dans les rues de la commune huppée de Cocody, dans la capitale économique ivoirienne Abidjan, lors de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

En Côte d’Ivoire, à l’instar du monde entier, les journalistes ont organisé le 3 mai une marche pacifique, «Marche de l’espoir» à Abidjan pour jeter un regard rétrospectif sur le secteur de la presse ivoirienne afin d’établir un bilan des acquis du secteur. Une journée commémorative certes mais qui marque également une occasion pour les hommes de médias de poser les vraies revendications qui concernent le milieu de la presse dans son entièreté. Elle se veut aussi une «marche protestation», une démonstration de force pour exprimer le désir des journalistes de contribuer au développement du pays.

«Cette marche se veut une protestation, une démonstration de force pour exprimer le désir des journalistes de contribuer à l’éclosion du pays (…)», a déclaré, Jean-Claude Coulibaly, président de l’Union des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci).

Pour le représentant pays de l’Unesco, Mam Diop, «C’est une occasion pour lutter contre l’impunité dont sont victimes les journalistes chaque jour et lutter contre la désinformation».

A sa suite, le porte-parole de l’intersyndicale des médias de Côte d’Ivoire (Ismci) a fait remarquer qu’à ce jour, plusieurs acquis visibles sont à saluer au niveau de l’écosystème des médias. «Selon le classement de Reporter Sans Frontière (RSF), en 2022, la Côte d’Ivoire se positionne au 37ème rang sur 180 pays, contre 66ème en 2021 et 68ème en 2020. Outre cette avancée, l’application effective de la suppression des peines privatives de liberté pour les délits de presse (à ce jour, aucun journaliste n’est emprisonné en Côte d’Ivoire), l’effectivité de la libéralisation de l’espace audiovisuelle avec l’octroi de la licence de diffusion à plusieurs chaines de télévision etc», s’est réjoui, Sam Wakouboué.

Cependant plusieurs autres efforts restent à être satisfaire. Les Organisations professionnelles des médias (Omp) invitent les pouvoirs publics ivoiriens à prendre des mesures urgentes afin d’assurer la viabilité économique des entreprises des médias. «La plupart de nos confrères ont une accumulation d’arriérés de salaires, la presse ivoirienne se meurt. Elle est en voie de disparition sous le pouvoir du Président Alassane Ouattara, les chiffres de vente chutent de manière drastique et la liste n’est pas exhaustive.

Eu égard ce triste paysage, l’on est à même de se questionner s’il existe encore des entreprises de presse au sens propre du terme en Côte d’Ivoire ?

Les autorités ivoiriennes et les acteurs du secteur ont quant à eux, rassuré de poursuivre les efforts afin de garantir l’épanouissement des journalistes ivoiriens. «Il n’y a pas de liberté sans responsabilité. La liberté se défend, elle s’assume. Elle se mérite également. Et vous avez décidé de défendre celle de votre corporation avec responsabilité et détermination. Le Gouvernement vous entend et vous accompagne depuis toujours. Il vous appartient surtout, femmes et hommes de médias, de donner du poids à cette quête de liberté, en faisant toujours preuve de responsabilité dans le traitement et la diffusion de l’information», a conseillé Jean Martial Adou, représentant le ministre de la Communication et de l’économie numérique.

Et d’ajouter, «on ne le dira jamais assez, le stylo, le clavier ou le micro du journaliste sont des armes dont le maniement requiert beaucoup de précautions, au risque de se transformer en sources ou amplificateurs de fracture sociale. Je vous exhorte donc à être du bon côté, c’est-à-dire du côté du respect de l’éthique et de la déontologie de votre métier, du côté du professionnel vrai, du côté de femmes et d’hommes qui travaillent à déconstruire les fake news, phénomène des temps nouveaux (…)».

L’émissaire du gouvernement a rassuré les journalistes et l’ensemble des acteurs des médias en ces termes, «les efforts du gouvernement s’expriment également à travers le soutien qui est apporté aux entreprises de presse et aux organisations professionnelles des médias. Ces efforts vont se poursuivre pour garantir à l’ensemble des médias, les moyens de leur épanouissement».

Notons cette 30ème journée internationale de la liberté de la presse s’est tenue autour du thème : «Façonner un avenir de droits: La liberté d’expression comme moteur de tous les autres droits de l’homme ». Un thème d’actualité en ce sens que la liberté d’expression constitue l’élément essentiel à la jouissance et à la protection de tous les autres droits de l’homme.

En prélude à cet événement d’envergure mondiale, des professeurs, spécialistes du domaine ont, au cours d’un panel de haut niveau, entretenu les journalistes ivoiriens autour d’importants thèmes notamment «Liberté de la presse: mythe ou réalité en Côte d’Ivoire», une conférence donnée par Alfred Dan Moussa, directeur général de l’Institut des sciences et technologies de la communication (Istc) Polytechnique et «La liberté d’expression et les autres droits de l’homme», exposée par Bamba Sidiki, Enseignant chercheur, maître de Conférence à l’Ufr ICA, de l’Université Félix Houphouët Boigny.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 28/05/2023 à 07h31