À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée chaque 3 mai, l’heure est au bilan en Guinée. Ce moment coïncide avec la publication du classement 2025 de Reporters sans frontières (RSF), qui dresse un constat alarmant: la liberté de la presse connaît un net recul dans le pays.
Le journaliste guinéen Mboyi Barry y voit une réalité tangible sur le terrain: «La Guinée a perdu 25 places, passant de la 78e à la 103e position. Cela montre à quel point la liberté d’expression est menacée. Nous sommes réellement en danger. L’année écoulée a été marquée par le brouillage de plusieurs médias, une censure répétée et une pression croissante exercée par les autorités sur la presse privée». Il dénonce également un «manque flagrant de respect envers les journalistes, tant de la part des citoyens que des autorités».
Dans les rues de Conakry, le constat est partagé. Oumar Barry, un citoyen, exprime son inquiétude: «La liberté d’expression est sérieusement restreinte, et cela est inacceptable. Des médias comme Espace FM ou FIM FM jouaient un rôle essentiel en expliquant le fonctionnement de l’administration et en posant les vraies questions. Aujourd’hui, ces voix sont réduites au silence. C’est un recul grave pour notre démocratie».
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Cette dégradation a également des conséquences économiques et sociales lourdes pour les professionnels du secteur. «Beaucoup de journalistes sont aujourd’hui sans emploi. Certains ne peuvent plus subvenir aux besoins de leur famille ni scolariser leurs enfants», déplore Mboyi Barry. «Moi-même, bien que toujours en activité, j’ai du mal à joindre les deux bouts. Alors imaginez ceux qui ne travaillent plus... C’est une situation extrêmement difficile.»
La chute brutale de la Guinée dans le classement mondial ne peut être réduite à une simple statistique. Elle reflète un climat d’intimidation, de précarité et de recul démocratique qui affecte profondément les journalistes, et au-delà, toute la société guinéenne.