Le bilan est cinglant des mangroves englouties autour de Libreville. Une hémorragie écologique qui porte la perte totale à plus de 80 hectares en quelques années. Principaux coupables? Les projets immobiliers qui grignotent inexorablement ce rempart naturel. Pourtant, le Gabon se présente comme un leader de la préservation environnementale.
Loïc Etoughe Siadous (ONG Pluméra) en témoigne «voir la mangrove saccagée nous a poussés à agir. Depuis 2013, nous testons, replantons... et ça marche». Le long du littoral librevillois, leurs jeunes pousses sont un fragile espoir.
Mais leur lutte se heurte à l’absence de l’État. Modeste Ango Rénamy (ONG La Liane) lance l’alerte: «Notre mission? Dépolluer et viser zéro déchet dans les mangroves d’ici 2030. On a collecté 2 millions de déchets! Mais où est l’accompagnement public dans ces efforts?».
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Face à l’urgence, les défenseurs de l’environnement réclament désormais une mesure forte: la création d’une zone protégée, un véritable sanctuaire pour la faune et la flore côtières menacées.
Landry Lignambou expert en protection de la mangrove rappelle les fonctions de cet écosystème. «La mangrove est une nurserie pour les poissons, un filtre naturel pour les eaux continentales, une barrière contre les vents et une super-puissance de captation du CO₂, bien plus efficace que les forêts terrestres».
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Sous la pression de la société civile, le gouvernement a enfin réagi. Un nouvel arrêté impose désormais une étude d’impact environnemental obligatoire pour tous les projets en zone de mangrove, y compris les infrastructures forestières. Une avancée, mais les ONG attendent des actes concrets sur le terrain.