Libreville: un soir de ramadan avec les mourides de la mosquée Cheikh Ahmadou Bamba

Des fidèles priant dans la mosquée Ahmed Bamba de Libreville, Gabon.

Le 30/03/2024 à 14h36

VidéoChaque soir, une vingtaine de fidèles se retrouvent à la mosquée de Cheikh pour rompre le jeûne. Les plats, distribués gratuitement, sont concoctés par les bénévoles mourides grâce aux dons de commerçants et de fidèles. C’est l’un des principes du ramadan: la solidarité.

Mais de quoi la mosquée Cheikh Ahmadou Bamba est-elle de nom? Pour Massaer Fall, c’est un lieu de culte témoin de l’exil gabonais du fondateur de la confrérie des mourides du Sénégal. Il fut déporté au Gabon en 1895 par les colons français.

«Cheikh Ahmadou Bamba a été exilé au Gabon pendant 7 ans et 7 mois. Nous sommes sur l’un des sites où il accomplissait ses prières. À l’époque, c’était la pleine brousse, il n’y avait rien ici», explique, l’imam de la mosquée Cheikh Ahmadou Bamba de montagne sainte à Libreville.

Cent vingt et un ans plus tard, les marques de l’exil forcé de Aḥmad ibn Muḥammad ibn Ḥabīb Allāh, l’autre appellation de Cheikh Ahmadou Bamba, sont encore visibles sur les murs et dans l’enceinte de cette mosquée qui porte son nom à Libreville. «C’est là où Cheikh Ahmadou Bamba a vécu pendant son exil au Gabon. A ma gauche là-bas, il y a un puits dont il se servait pour ses ablutions. Ici, il était surveillait par des colons tout le temps. Pour lui faire du mal, ces gens se permettaient de boire l’alcool en sa présence. Ce que vous voyez en haut là ce sont les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba lui-même, transcrits de l’arabe en français. Ça permet au profane de savoir ce qu’il a vécu en ces lieux. Ce lieu est un lieu de vérité, un lieu où le colonisateur voulait éteindre l’islam...», détaille, Cheik Gueye, porte-parole de la mosquée.

Fondateur de la confrérie Mouride, Cheikh Ahmadou Bamba, incarnait le modèle achevé d’une vie dédiée à Dieu et sert de source d’inspiration à tout fidèle soucieux d’échapper aux tentations et attirer la grâce du Tout puissant, précise Cheikh Gueye. Revisiter l’histoire Cheikh Ahmadou Bamba, un exemple de vie dédiée à Dieu, est assurément d’un bonheur inestimable pour tout mouride.

Il est à présent 18h 05 et seules neuf minutes nous sépare du coucher du soleil. Les fidèles, qui se font de plus en plus nombreux se préparent à rompre le jeûne. Le temps pour certains de déposer les plats, et pour d’autres de faire les ablutions.

L’appel à la prière retentit. Après presque 13 heures sans boire, ni manger, chacun avale une datte et un verre d’eau ou de lait. «Comme vous pouvez le constater, nous sommes en train de rompre ce jeûne en famille. Et comme le Gabon est une terre d’accueil, la mosquée Cheikh Ahmadou Bamba a lancé une initiative depuis des années qui permet à tout le monde, sans exception, de se retrouver pendant l’heure de rupture de jeûne... Cette initiative est salutaire parce que la plupart de ceux qui sont ici sont des célibataires. Et au moment de rompre le jeûne, ils n’ont pas accès à la nourriture. En venant ici, c’est beaucoup plus facile pour eux de rompre le jeûne dans des meilleures conditions», a témoigné, Mohammed Bachir, un des fidèles de la mosquée.

Une fois la prière terminée, le plaisir se lit sur les visages. Originaire du Guinée Conakry, Daouda vient chaque soir depuis le début du ramadan. «Ici, je retrouve des frères. Ça me rappelle mon pays où on mange souvent ensemble dans les mosquées», apprécie le jeune homme.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 30/03/2024 à 14h36