Pour un meilleur accompagnement social et suivi médical des séniors, souvent victimes d’abandon familial ou en perte d’autonomie, le Gabon s’est doté d’un Centre national de gérontologie et gériatrie (CNGG) situé dans l’enceinte de l’hôpital régional de santé de Melen, au Kilomètre 12 de Libreville, la capitale.
Selon les dernières estimations onusiennes, le nombre de ces personnes s’établit autour de 100.000 environ, pour une population globale estimée à 2.341.000 habitants, soit plus de 4%.
Doté d’une capacité d’accueil de 40 places, le Centre national de gérontologie et gériatrie de Libreville comprend cinq pièces dont deux salles de consultation médicale, une salle de psychothérapie, une salle polyvalente et des dortoirs.
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L’établissement reçoit plusieurs catégories de pensionnaires: ceux en séjour de courte durée compris entre un jour et trois mois, ceux qui y sont admis pour une durée indéterminée et les cas de grabataires qui peuvent être suivis à domicile à la demande de leurs proches. Mais dans cette situation, une équipe de spécialistes pluridisciplinaires du centre se déploie sur place pour des besoins d’enquête, selon Sylvie Bidang Épse Ombango.
«Ils vont faire une enquête auprès des familles. Avec les résultats de l’enquête, le service gériatrie fait le suivi des dossiers transmis aux médecins pour les examens avant l’admission des résidents. Certaines personnes âgés développent beaucoup de pathologies. Et il faut vraiment être formé pour les connaitre. Par contre il y a bien d’autres que les parents abandonnent alléguant qu’ils sont sorciers», explique, la directrice générale du Centre national de gérontologie et gériatrie de Melen (CNGG).
Une vue du Centre national de gérontologie et gériatrie de Libreville.. le360 Afrique/Ismael
Conduite ici, il y’ a dix ans par son unique fils, Madeleine Makeshi, 68 ans, n’aurait jamais imaginé s’épanouir dans cette vie collective pourtant si génératrice de solitude. La femme si indépendante, rêveuse et avide de grands horizons a fini par s’ y adapter à cause de la maladie. «J’étais venue pour seulement six mois de rééducation. Mais comme ma santé s’est dégradée, j’y suis restée jusqu’à présent. J’ai une famille et un enfant qui s’occupe de moi. Le seul problème, c’est qu’il travaille à l’intérieur du pays. Sinon, il assure mes soins, paie les ordonnances. Je me suis fait une nouvelle famille ici. Avant, je pleurais parce que je me sentais seule. Maintenant, ça va», confie-t-elle.
La vieille Madeleine n’est pas un cas isolé dans cet hôpital. Meviane , 67 ans, connaît les lieux dans les moindres recoins. Victime d’un accident de travail, Il y a été abandonné par sa famille en 2016. Des attitudes contraires aux mœurs africaines, où la solidarité reste une valeur sacrée «C’est un accident de travail que qui m’a fait perdre la vue. De 2006, jusqu’à la minute où je vous parle, je suis complètement dans le noir. Je ne connais même pas la couleur de la tenue que je porte», se lamente le sexagénaire.
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Les résidents de la gérontologie partagent le même quotidien, mangent ensemble. Pourtant ils n’ont pas la même histoire. Face à la dépression et l’angoisse des plus faibles, une équipe de psychologues est toujours à leur chevet. «Au contact des personnes âgées, nous ressentons des sentiments tels que l’angoisse, la dépression et parfois la mort. Lorsque la personne âgée pense qu’il y a une forme de dévalorisation, ça l’angoisse. C’est à partir de ce moment que le psychologue intervient pour une prise en charge pour soulager la personne âgée en détresse», explique, Christopher Boussiengui Mouanga, psychologue clinicien du Centre national de gérontologie et gériatrie. (CNGG).
Au Centre National de Gérontologie et Gériatrie de Melen, les journées commencent très tôt, entre 5 et 6 heures du matin, au rythme du « nursing ». C’est-à-dire la séance entièrement réservée aux soins corporels que les infirmières dispensent à la vingtaine d’internés que compte la structure. Un passage obligé avant le petit-déjeuner de 7 heures. L’ambiance paraît des plus conviviales. Un climat que tente de préserver à tout prix le personnel d’encadrement et les infirmiers pour le moral du groupe, déjà fragilisé par le poids de l’âge et l’absence de liens affectifs avec les parents.