Lutte anticorruption en Côte d’Ivoire: la HABG interpelle 17 personnes, 738 dossiers traités

Corruption, la Haute autorité pour la bonne gouvernance sévit.

Le 17/04/2023 à 11h42

VidéoLa corruption ne cesse de se propager au sein de la société ivoirienne. L’Etat, à travers la Haute autorité pour la bonne gouvernance (HABG), est passé à l’étape de la répression des personnes qui s’adonnent à ces pratiques. Ainsi, de juillet 2022 à fin mars 2023, la Haute autorité pour la bonne gouvernance (HABG), en accord avec le Procureur de la République du Pôle pénal économique et financier (PPEF), a réalisé des enquêtes qui ont abouti à l’interpellation de 17 personnes, dont 13 en situation de flagrant délit, a indiqué Henri Augustin Aka, secrétaire général de cette instance.

Parmi les personnes arrêtés en flagrant délit, figurent six agents publics de la Direction régionale de l’éducation et de l’alphabétisation (DRENA) de Yamoussoukro qui exigeaient des candidats au concours et examenes la somme de 5.000 FCFA pour le dépôt de leurs dossiers de candidature.

Les enquêteurs de la HABG ont également interpellé trois agents publics intervenant dans la procédure d’immatriculation des engins à deux roues, pris en flagrant délit de corruption au niveau du Centre de gestion intégré d’Abobo, de même que l’adjoint au chef de la station de la Société ivoirienne de contrôles techniques automobiles (SICTA) d’Angré.

Toujours dans la commune d’Abobo, dans la nuit du 4 au 5 octobre 2022, deux camions en provenance de la frontière est de Niablé transportant des téléphones portables objet de fausses déclarations douanières ont été interceptés. Le propriétaire des véhicules interceptés, s’étant présenté dans les locaux de la HABG pour proposer une somme d’argent aux enquêteurs en vue de suspendre l’enquête en cours, a été aussitôt interpellé pour délit de corruption.

Deux agents du ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique ont été pris en flagrant délit d’actes de corruption dans le cadre de la délivrance des extraits d’actes de naissance au niveau de la mairie de Yopougon et trois autres dans le cadre de l’établissement des certificats de nationalité et de casiers judiciaires

Enfin, un agent public, chef d’antenne au niveau du ministère de la Construction, du logement et de l’urbanisme, a été interpellé en situation de flagrant délit d’acte de corruption dans le cadre de la délivrance des permis de construire.

Dans l’optique de lutter efficacement contre ce fléau, la HABG, accompagnée par Expertise France, a initié la mise en place de comités locaux d’intégrité et de plateformes pnticorruption dans plusieurs localités du pays.

Pour Kohué Djédjé, président du comité local Anticor d’Adiaké, «les comités mis en place auront pour charge de faire le recensement des comportements s’apparentant à la corruption afin de les étudier et les transférer pour traitement (…). Il s’agit de faire en sorte que l’Ivoirien nouveau respecte les institutions de la République.»

Cette activité répond au besoin de rapprocher les instruments de prévention et de lutte contre la corruption des populations, pour assurer une implication réelle des citoyens dans les actions qui feront reculer la corruption et les infractions assimilées. Cela nécessite l’implication de la société civile, en surveillant le fonctionnement des institutions et en coopérant avec les autorités publiques et les entreprises de manière à renforcer leurs capacités de prévention et de lutte contre la corruption à travers des campagnes de sensibilisation, d’éducation, de formation sur les dangers qu’elle représente pour la société.

«L’opérationnalisation des plateformes anticorruption sur l’ensemble du territoire national permettra à terme d’aboutir à un mouvement efficace et performant pour une coalition nationale de tous les comités locaux d’intégrité en vue de promouvoir des valeurs d’intégrité», a ajouté Laurent Onguéné, coordinateur du projet PACC Expertise France.

Sur la période du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2022, la HABG a reçu au total 738 dossiers constitués de plaintes et de dénonciations. Sur ladite période, 70 dossiers ont fait l’objet d’ouverture d’enquêtes décidée par le Conseil de la HABG.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 17/04/2023 à 11h42