«Ça a commencé par un bruit. La terre a commencé à trembler. On était plus de 200 chercheurs d’or sur le terrain. Les recherches sont terminées maintenant. Nous sommes à 73 corps trouvés», a déclaré à l’AFP Oumar Sidibé, un responsable des orpailleurs de Kangaba. Le nombre de victimes a été confirmé par un élu de la commune.
Dans un communiqué publié mardi, le ministère des Mines avait évoqué la mort de plusieurs orpailleurs, sans donner de chiffres précis. Le gouvernement y présentait «ses condoléances les plus attristées aux familles éplorées et au peuple malien».
Il invitait «les communautés vivant près des sites miniers et les orpailleurs à un respect scrupuleux des exigences de sécurité et à travailler dans les seuls périmètres dédiés à l’orpaillage».
Le secteur minier malien est dominé par les groupes étrangers, comme les Canadiens Barrick Gold et B2Gold, l’Australien Resolute Mining ou le Britannique Hummingbird Resources, qui opèrent malgré l’expansion jihadiste et l’instabilité politique auxquelles le pays est livré depuis des années.
Lire aussi : Afrique du Sud: une trentaine de mineurs clandestins retrouvés morts
Mais les mines artisanales continuent également de prospérer et attirent des milliers d’orpailleurs de toute la sous-région en quête de richesses.
Le Mali, parmi les pays les plus pauvres au monde, est l’un des premiers producteurs d’or en Afrique.
Éboulements meurtriers
Les sites d’orpaillage sont régulièrement le théâtre d’éboulements meurtriers. L’activité y est dangereuse et les autorités peinent à contrôler l’exploitation artisanale du métal. Les communications sur les accidents par les autorités sont rares.
Les organisations des droits humains dénoncent régulièrement le travail des enfants dans ces exploitations.
Selon un rapport de l’Organisation internationale des migrations concernant l’orpaillage au Mali et Burkina Faso publié fin 2019, l’arrivée continue de nouveaux orpailleurs et le manque d’infrastructures d’accueil se traduisent par des conditions de vie et de travail des migrants difficiles et dangereuses.
«Éloignés des centres urbains et installés dans des zones où la présence de l’État est faible, ils ne bénéficient généralement d’aucune mesure de protection sur les lieux de travail», dit l’organisation.
Lire aussi : Burkina Faso: plusieurs morts dans l’éboulement d’une mine d’or artisanale
«L’accès aux soins en cas de maladie ou d’accident s’avère difficile en raison de la distance qui sépare les sites miniers des hôpitaux, ainsi que de l’état des routes. Ces conditions de vie hostiles et précaires ne freinent pas moins les orpailleurs qui viennent s’y établir», poursuit l’OIM.
Code minier
En février 2022, l’explosion d’un stock de dynamite sur un site d’or artisanal avait tué au moins 59 personnes dans la région du sud-ouest du Burkina Faso. Des accidents sont également régulièrement signalés en Guinée, au Sénégal, dans des régions frontalières de l’ouest malien.
Avec 72,2 tonnes produites en 2022 (dont 6 tonnes par l’orpaillage artisanal), l’or à lui seul contribuait au Mali à 25% du budget national, 75% des recettes d’exportation et 10% du PIB, avait dit en mars 2023 le ministre des Mines d’alors, Lamine Seydou Traoré.
Comme d’autres gouvernements en Afrique, la junte malienne qui a fait du rétablissement de la souveraineté un de ses mantras après avoir pris le pouvoir par la force en 2020 a exprimé sa volonté de faire profiter le pays de ses richesses.
Elle a adopté en août 2023 un nouveau code minier permettant à l’Etat de prendre jusqu’à 30% de participation dans les nouveaux projets. Il devrait rapporter au minimum 500 milliards de francs CFA (762 millions d’euros) au budget annuel de l’Etat, selon le gouvernement.