C’est dans ce marché de Koira Tégui, quartier du nord de Niamey, qu’Attahirou Issa s’approvisionne chaque semaine en petits ruminants. Le boucher, qui tient boutique au cœur de la capitale, sait qu’il ne pourra réaliser une intéressante marge bénéficiaire ailleurs que dans ce lieu devenu marché un peu par hasard, «pour les besoins de mon commerce, j’achète au moins 5 à 6 moutons à des prix vraiment abordables», explique-t-il.
Les prix pratiqués dans ce marché hebdomadaire attirent également les clients à la recherche d’une brebis «je viens d’acheter une brebis à 28.000 FCFA au lieu des 35.000 FCFA voire 40.000 FCFA comme cela se fait ailleurs», se réjouit Haoua Issaka, une cliente ravie de rentrer chez elle accompagnée d’une bête qui lui donnera du lait.
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Comme tous les lieux célèbres, le «Lundi-lundi» a son propre mythe fondateur. On raconte que la journée du lundi coïncidait avec l’arrivée des voyageurs venus de Mangayzé, Sargane, Simiri... en direction de Niamey. Il leur était plus commode de vendre leurs bêtes sur place que de faire le tour des quartiers de la capitale. Hassan Hassan, secrétaire du marché hebdomadaire du bétail de Koira Tégui confirme, «les marchands venus des villages environnants se retrouvaient sous pression qui les poussait à vendre leurs marchandises à des prix concurrentiels avant la tombée de la nuit», explique le secrétaire.
Un marché est né dans un pays riche de 55 millions de têtes toutes espèces confondues. «L’élevage est l’une des ressources les plus importantes du secteur rural, avec une contribution au PIB national de 11% et 40% du PIB agricole» selon le ministre de l’Agriculture et de l’élevage, le Colonel Mahaman Elhadj Ousmane en lançant, fin octobre dernier, la campagne 2023-2024 de vaccination du cheptel.
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Ce patrimoine occupe 87% de la population active et participe à 25% à la satisfaction des besoins alimentaires des populations nigériennes, «représentant ainsi la première activité contribuant à la lutte contre la pauvreté»
Le négoce des petits ruminants peut alors se faire en toute sérénité, «je compte avoir au moins 4.000 FCFA à 5.000 FCFA de bénéfice sur chacune des bêtes que je mets en vente aujourd’hui. J’en n’ai qu’une dizaine et je pense que je vais tout vendre avant la clôture du marché», précise Boubacar Amadou vendeur au marché hebdomadaire de bétail de Koira Tégui.