Lundi dernier, les débats ont été pour le moins houleux entre la partie civile et les défenseurs des militaires accusés dans ce lourd dossier que sont les massacres de 2009. L’enjeu est de taille, le parquet a introduit le 4 mars dernier, une demande auprès du juge pour que ces massacres soient requalifiés en crimes contre l’humanité.
Accusés de meurtre, d’assassinats et de viols, les mis en cause, au nombre desquels figure l’ancien président le capitaine Moussa Dadis Camara, pourraient être poursuivis pour crimes contre l’humanité, si le tribunal venait à accéder à la demande du parquet.
Me Alpha Amadou DS Bah, représentant des parties civiles, affirme que le ministère public et les parties civiles ont le droit de demander une requalification tant que les débats ne sont pas clos. «Nous espérons que cette demande va être accueillie favorablement par le tribunal afin que ceux qui doutaient un peu ou qui espéraient une petite porte de sortie dans cette affaire, puissent être condamnés parce que l’objectif, c’est de mettre fin à l’impunité».
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De l’autre côté, Me Paul Yomba Kourouma, avocat de la défense se dit opposé à l’idée de requalifier les faits en crimes contre l’humanité. «On vient nous dire de requalifier les faits, ce qui reviendrait à commettre un crime économique: tout ce qui a été dépensé pour la tenue de ce procès, toutes ces forces d’ordre et de sécurité qui sont mobilisées et tous les magistrats.... Et on vient nous demander de revenir à la case départ. C’est une déception».
Le débat de lundi 18 mars sur la requalification des faits en crimes contre l’humanité est intervenu à la suite de la présentation des preuves audios et vidéos, il y a deux semaines de cela. Une situation qui a amené le ministère public a requérir une requalification des charges contre les accusés.
Les massacres du 28 septembre 2009 font suite à une manifestation de partisans de l’opposition guinéenne à Conakry, contre les projets du chef de la junte militaire au pouvoir, dirigée alors par Moussa Dadis Camara, de se présenter à l’élection présidentielle.
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Lors de cet évènement douloureux, au moins 156 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées et au moins 109 femmes ont été violées ce jour, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.
Après plusieurs années d’impunité, les victimes et leurs familles ont dû attendre le 28 septembre 2022 pour que l’ancien dictateur Moussa Dadis Camara et ses 10 autres accusés soient enfin présentés devant une cours criminelle en Guinée.