Le président de l’Union nationale du patronat mauritanien (UNPM) Zine El Abidine Ould Cheikh Ahmed a lancé une initiative visant à faciliter le mariage aux jeunes mauritaniens souhaitant fonder une famille.
L’homme d’affaires a annoncé que cette initiative vise à marier 50 jeunes avec une dot de 5.000 ouguiyas (127 dollars) et d’accorder à chaque jeune homme une somme de 100 000 ouguiyas (environ 2.500 dollars).
Cette proposition du patron des patrons mauritaniens, qui intervient dans un contexte économique difficile où le chômage sévit chez les jeunes, a suscité moults commentaires des plus acerbes et fait jaser sur la toile, mais aussi chez les associations féminines.
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Seniya Aïdara, présidente de l’ONG «Femmes et Résilience» pour les droits humains, recadre sèchement le président du patronat et rappelle que les priorités se trouvent ailleurs, dans le contexte d’un pays confronté au chômage et à l’exode des jeunes vers l’Occident. Une situation, selon elle, qui suscite des interrogations sur une proposition visant à détourner l’attention par rapport à certaines questions essentielles. Elle invite l’homme d’affaires à revoir l’ordre des priorités.
Discours identique de la part de Maham Youssouf, haut cadre, qui rappelle les initiatives visant à créer des emplois pour les jeunes au cours des années 2000, beaucoup plus pertinentes que le fait d’organiser des mariages au profit de jeunes couples, qui relève de la sphère privée.
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Mariam Mahjoub Idrissa, présidente de l’Association «Jeunesse et Avenir» conteste vivement une initiative déconnectée des réalités et d’un environnement caractérisé par le chômage des jeunes, dans lequel l’entretien de la femme et des futurs enfants, au-delà du mariage, est une véritable équation, expliquant le caractère éphémère de nombreuses unions.
Enfin, Salamata Adama Sy, présidente d’une ONG dédiée à la promotion de l’éducation des filles, rappelle le contexte économique et social de la Mauritanie, notamment le problème de la précarité générale, particulièrement accentuée chez les jeunes, les vagues de migrants, autant d’éléments qui montrent que le véritable challenge des hommes d’affaires doit porter sur l’investissement pour la création de l’emploi.