A Karpala comme dans beaucoup d’autres quartiers de la capitale, les pelleteuses sont à l’œuvre depuis quelques semaines, laissant derrière elles ruines et commerçants inquiets. Marcel Kaboré, tenancier d’un petit commerce, est tout aussi concerné par la mesure qui entrave ses activités.
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«Nous payons le prix de cette décision. Tout d’abord le contexte économique est lui-même difficile et de plus, il faut encore payer les frais de déménagement. Certaines boutiques vont devoir fermer. Mais, c’est de bonne guerre. Le développement a un coût», consent-il.
Les premières sensibilisations sur les dangers encourus par les installations anarchiques le long des voiries remontent à 2023. Les autorités communales, face aux contrevenants, ont décidé de passer à l’action. Les commerçants, sommé à se relocaliser dans les marchés de la capitale, vivent difficilement la situation. Passek taalé, vendeur de vêtements, craint lui aussi de ne pouvoir se réinstaller par manque de moyens financiers.
«La mairie nous a demandé de quitter les lieux, mais c’est difficile pour nous. Dans un premier temps, on nous dit de reculer d’un mètre des caniveaux. Ce à quoi nous avons obéi. Et ce n’est que jeudi que les autorités municipales sont revenues et nous ont demandé de reculer de deux mètres. Ce à quoi nous nous attelons, même si c’est coûteux», regrette-il.
Mais les autorités persistent: ces opération sont conformes aux textes réglementaires et tout récidiviste en assumera les frais.
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«Ces boutiques sont notre gagne pain. Je salue cette mesure, mais je doit avouer qu’elle intervient à un moment critique. Le dicton dit qu’une vache tire sa force de la corde fixée au bout de son nez. Donc, nous obéissons à l’autorité. Je reste convaincu que c’est dans l’intérêt de tous. Parce que parfois, nous sommes aussi témoins de graves accidents qui auraient pu nous être fatals», s’en conforte Abdou Lingani, un autre commerçant.
Pour rappel, selon la réglementation, l’occupation des voiries ne peut excéder deux mètres de chaque côté de la voie à partir du mur de clôture pour les voies dont l’emprise est de 16 à 20 m. L’occupation est permise de trois mètres pour celles dont l’emprise est comprise entre 20 et 30 mètres et enfin cinq mètres pour les voies dont l’emprise est supérieure à 30 mètres.