Côte d'Ivoire: le déguerpissement et le recasement des populations de plusieurs communes d'Abidjan se poursuivent

VidéoDe nombreux Abidjanais occupent et construisent des sites à utilité publique sans autorisation préalable. La récupération desdits sites par les autorités pour la construction d'infrastructures publiques provoque des tensions et frustrations chez les occupants que les autorités essayent de recaser.

Le 14/03/2022 à 08h05, mis à jour le 14/03/2022 à 08h07

Bulldozer, présence des forces de l'ordre et une foule mécontente essayant de sauver quelques objets, c'est le spectacle qu' offre le deguerpissement de ce site situé au quartier Port Bouët 2 de Yopougon, à Abidjan. C'est le troisième deguerpissement que connait ce site et tout porte à croire que c'est le dernier du genre pour laisser la place aux travaux de construction du 4ème pont d’Abidjan qui sera construit à cet endroit.

Et pourtant plusieurs centaines de personnes, majoritairement des femmes, occupent ce site depuis 1979. Veuves, mères célibataires, orphelines, ces personnes vulnérables avaient même érigé ce domaine public en marché de proximité pour gagner leur vie et vaincre la précarité. Mais leur rêve semble désormais compromis à cause de cette opération de déguerpissement.

«Nous les femmes vendons ici pour nourrir et payer la scolarité de nos enfants. Il y a même des pères de familles qui vendent ici pour payer leur maison et donner la papote, donc je demande au président de la République Alassane Ouattara de venir à notre secours. Qu’il nous donne de nouvelles places pour qu’on s’installe là-bas», affirme Karidja Koné, présidente du marché déguerpi.

Justement pour le recasement, les autorités, surtout municipales, ont plus ou moins fait des efforts. Certains parmi les déguerpis ont été provisoirement recasés dans ce marché de fortune de proximité situé sous de hautes tensions. D’autres, par contre, quelques-uns parmi ceux qui en ont les moyens se sont installés ailleurs c'est-à-dire dans d'autres marchés plus modernes. Mais le plus grand nombre attend toujours un nouveau point de chute définitif.

«Notre souci majeur c’est ce marché qui est petit et ça ne peut pas contenir tous les déguerpis, donc on souhaite qu’on nous trouve un marché moderne même si on sait que les choses vont se résoudre progressivement», déclare Mamadou Traoré, chef central de Port Pouet 2.

Dans le cadre de la politique de relocalisation, trois centres commerciaux seront bientôt mis à la disposition des commerçants de Yopougon. Le taux d’exécution des travaux est pour le moment estimé à 90%. Et les concernés se disent prêts à occuper les espaces de ces marchés modernes.

«Si on nous construit de nouveaux marchés, nous sommes prêts à les occuper car aujourd’hui ce qui est fatiguant c’est qu’on charge nos bagages pour venir les vendre matin et on refait le même exercice le soir», soutient Mariétou Traoré, une commerçante.

Pour rappel, Abobo, Attecoube et Yopougon sont les communes d’Abidjan les plus touchées par les déguerpissements liés à la construction d'infrastructures surtout routières et ferroviaires.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 14/03/2022 à 08h05, mis à jour le 14/03/2022 à 08h07