Aussi loin que remontent ses souvenirs, Baye Modou Fall, cocher depuis des années, a toujours vu les calèches trottant le long des rues. Ce moyen de transport reste très prisé, notamment par les personnes âgées très attachées à aux souvenirs d’une époque où la calèche régnait en maître. «Les calèches sont à Rufisque depuis de très longues années. Nous transportons trois clients à raison de 300 francs CFA (0,46 euro) par personne. C’est un moyen de transport avantageux, et les personnes âgées l’ont adopté par habitude» croit savoir le cocher.
Des calèches en attente de clients à Rufisque.. le360 Afrique/Ndiaye
Pour son confrère Cheikh Ciss, cette activité est une passion. Ayant grandi en voyant les calèches défiler dans les rues de Rufisque, transportant des femmes élégamment vêtues et confortablement installées, il a nourri un amour profond pour les chevaux.
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Aujourd’hui, il en a fait son métier et compte bien transmettre cet héritage à sa descendance. «Je pourrais vous en dire long sur les calèches. C’est notre gagne-pain, mais avant tout, c’était une passion. Les habitants de cette ville aiment les emprunter. Nous avons grandi en voyant nos parents les utiliser, et leurs parents avant eux. Nous nous engageons à préserver cette tradition pour que nos enfants puissent, à leur tour, la connaître. Tout est une question d’amour.»
Dans le même esprit, Marème, installée à Rufisque depuis plusieurs années pour rejoindre son mari, avoue ne connaître que ce moyen de transport. Pour elle, comme pour de nombreux habitants, la calèche est plus qu’un simple moyen de déplacement: c’est une tradition à préserver, malgré la concurrence croissante des motos-taxis Jakarta. «Ici, nous ne connaissons que les calèches. Les Jakarta essaient d’envahir la ville, mais nous refusons de les prendre. Je suis venue ici avec mon mari il y a des années et j’ai trouvé les calèches. Aujourd’hui, nous les préférons aux autres types de transport. En plus, c’est beaucoup moins cher.»
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Si les calèches doivent aujourd’hui partager la route avec des moyens de transport plus modernes, elles demeurent un symbole vivant de l’histoire et du charme de Rufisque. Un attelage qui avance lentement, au rythme des sabots, comme pour rappeler que certaines traditions résistent au poids du temps.