Pénurie de poisson en Mauritanie: les industriels ne laissent que du menu fretin

Le 28/12/2025 à 09h56

VidéoEn Mauritanie, l’année risque de finir en queue de poisson: les industries de la pêche semblent avoir tout raflé ne laissant aux détaillants du marché de Nouakchott et à leurs clients que de petites quantités vendues aux prix forts. Mais une lueur d’espoir quand même.

Comment expliquer la rareté du poisson dans un pays de de 700 kilomètres de côte, l’une des plus poissonneuse au monde? Ce sont les industries de la pêche, répondent d’une seule voix détaillants et consommateurs. x

Moussa El Walid, vendeur de poisson au Marché du Nouakchott est catégorique «une seule usine absorbe à elle seule plusieurs tonnes de daurade et capte les poissons de la pêche industrielle et ceux de la pêche artisanale. Pour nous revendeurs, le produit est cher tant que les usines n’ont pas eu la quantité nécessaire à leurs activités. C’est ce quasi monopôle qui fait que le poisson soit cher" explique le poissonnier.

Cette concurrence entre industrie et consommateur que d’aucun juge déloyale pourrait s’expliquer par le fait que la Mauritanie est le principal fournisseur du marché européen en farine et huile de poisson. Le pays produit plus de 110.000 tonnes de farine de poisson, dont 18% sont exportées vers l’UE, et près de 35.000 tonnes d’huile de poisson, dont plus de 70 % sont destinées à l’UE.

Mais pour Moussa El Walid, la pénurie de poisson est également due à la reprise de la pêche au poulpe, depuis le 15 décembre, une activité qui mobilise de nombreux pêcheurs. Et c’est l’une des ressources halieutiques les plus prisées.

Fanta Moussa, une cliente confirme l’envolée des prix des fruits de la mer «il n y a pas de poissons et le produit est très cher. Certaines espèces se vendent à 180 voire 200 ouguiyas, le kilogramme. Cela devrait être beaucoup moins».

Le marché n’étant pas encadré, le prix de la sardinelle est passé de 2 à 30 ouguiyas ces derniers temps. Le Kibaru est passé de 60 à 180 ouguiyas le kilo.

Mais une lueur d’espoir quand même. Bekaye Samba Sy, secrétaire générale de l’ONG Zakia pour le développement durable et la protection de l’environnement assurait en août dernier à l’occasion de la mission de l’ONG Greenpeace en mission que «le nombre des usines de fabrication de farine de poissons a baissé d’une cinquantaine, il y a quelques années, à une dizaine actuellement».

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 28/12/2025 à 09h56