Ramadan au Burkina Faso: massa, cette galette traditionnelle s’arrache comme des petits pains

Le 08/04/2024 à 09h48

Manger du massa, cette galette de mil témoin de l’attachement des agriculteurs à la terre, c’est aussi goûter au plaisir de la rupture du jeûne en communauté. Plus qu’un aliment, massa c’est surtout un legs culturel.

Au Burkina Faso, rompre le jeûne du ramadan sans déguster la traditionnelle galette de mil appelée massa est tout simplement impensable. Zenabou Diaby, vendeuse en témoigne, «C’est le mois du jeûne, la rupture approche, les clients affluent et j’ai de la peine à m’en sortir

Le massa symbolise l’importance des céréales locales dans les traditions culinaires burkinabè. Sa préparation à base de mil, d’eau et de sucre en fait un mets économique, un legs transmis de génération en génération. Il est appelé « gnonmi » ou « wonmi » en Côte d’Ivoire. Au Mali, il est également connu sous le nom de « gnomi ».

Pour Aminata, autre vendeuse, cette période est synonyme de bénéfices: «Si nous arrivons à faire des bénéfices, nous ne pouvons que rendre grâce à Dieu. Car en réalité, il arrive que nous vendions pour environ 8.500 francs de galettes par jour

D’un point de vue socio-économique, la vente de massa pendant le ramadan constitue une activité génératrice de revenus cruciale pour de nombreuses femmes issues de milieux modestes. Cette économie informelle leur permet de subvenir à leurs besoins tout en renforçant la cohésion sociale.

Sur le plan nutritif, le massa à base de céréales locales comme le mil, le riz ou le maïs apporte des glucides complexes indispensables à la rupture du jeûne en douceur. Cependant, sa faible teneur en protéines et en fibres peut nécessiter une complément grâce à d’autres aliments traditionnels comme les dattes, les jus de fruits (bissap, gingembre, pain de singe, tamarin) et la bouillie, riches en nutriments essentiels.

Sur le plan historique et culturel, la tradition du massa s’inscrit dans un héritage culinaire lié aux pratiques agricoles des communautés burkinabè. Sa consommation lors du ramadan symbolise la perpétuation des valeurs de partage, de solidarité et de transmission intergénérationnelle.

Dimitri Bazié, client régulier, souligne l’attachement des Burkinabè à cette galette: «On trouve des vendeuses de galettes un peu partout dans le quartier. Mais je préfère massa de Aminata. Elle les fait si bien et ils sont délicieux.»

En définitive, le succès du massa pendant ramadan témoigne de la résilience des pratiques alimentaires locales face à la mondialisation, tout en générant des opportunités économiques pour les populations vulnérables.

Par Jean Paul Windpanga Ouédraogo (Ouagadougou, correspondance)
Le 08/04/2024 à 09h48