Après s’être emparé des grandes villes de Goma en janvier et Bukavu en février, le M23 a lancé une nouvelle offensive début décembre dans la province orientale du Sud-Kivu, le long de la frontière burundaise.
La prise d’Uvira, cité de plusieurs centaines de milliers d’habitants, permet au M23 de contrôler la frontière terrestre entre la RDC et le Burundi, et vise notamment à priver Kinshasa du soutien militaire de Bujumbura.
Vendredi, des habitants à pied et à moto ont commencé à circuler dans les rues de cette ville bordant le lac Tanganyika, en petit nombre, selon plusieurs témoins sur place.
Le M23 a entamé jeudi des opérations de ratissage pour débusquer des miliciens pro-Kinshasa, surnommés «wazalendo», dissimulés dans certains quartiers où des tirs sporadiques résonnaient encore.
«Les nouvelles autorités ont dit à la population de ne pas quitter les maisons en attendant qu’elles finissent le ratissage. Il y aurait encore quelques wazalendo à certains endroits», affirme Patient, un habitant contacté par téléphone.
«Ca va mieux qu’hier et avant-hier», assure néanmoins un résident du quartier Mulongwe. «Les boutiques sur l’artère principale sont toujours fermées, mais des petits marchés dans certains coins fonctionnent déjà», dit-il.
Lire aussi : RDC: la ville stratégique d’Uvira largement contrôlée par le M23, une «gifle» infligée à Washington
Les personnes interrogées par l’AFP témoignent sous couvert de l’anonymat par crainte de représailles du groupe armé, accusé de graves exactions par l’ONU et des ONG.
«La situation est relativement calme, nous observons les éléments du M23 qui font des allers-retours, ils ne nous dérangent pas jusqu’à présent», indique un habitant du quartier Kalombe.
Selon lui, «les gens eux-mêmes s’adonnent aux travaux communautaires» imposés par le M23 dans les zones sous son contrôle et appelés «salongo». Ces habitants «balayent la rue et aux alentours de leurs habitations», décrit-il.
«Hier soir, trois jeunes militaires M23 sont venus frapper à mon portail», raconte un employé d’une station-service. «En ouvrant, j’ai eu peur, mais ils m’ont dit: ”Pourquoi tu as peur? Il faut sortir pour aller te promener”», assure-t-il.
Seule consigne donnée par ces combattants, selon lui: «Il ne faut pas prendre de bière avant 16H00, et le samedi, il faut participer au salongo».




