Alors que les tensions géopolitiques fragilisent les relations entre États africains, certains choisissent un autre chemin: celui de la route, de l’effort commun, et de la fraternité. Pour les motards guinéens, la moto est bien plus qu’un loisir- c’est un véhicule d’unité continentale. Bangaly Camara, coordinateur des motards de Guinée, témoigne, « actuellement, nous subissons de nombreuses tensions géopolitiques, tant en Afrique qu’ailleurs dans le monde. Mais à travers la moto, nous voulons transcender ces frontières et incarner l’intégration africaine. C’est la mission que nous nous sommes donnée. À travers nos motos, nous voulons relier tous les pays d’Afrique- et pourquoi pas, du monde. C’est un début. C’est vrai que c’est compliqué, mais par la grâce de Dieu, nous y arriverons».
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Traverser le Mali et le Burkina Faso à moto, alors que ces pays font régulièrement la une pour leurs défis sécuritaires ? Un pari audacieux. Mais pour les clubs guinéens Nimba Rider et G. Rider, il fallait dépasser les préjugés, et montrer qu’au-delà des gros titres, des peuples fraternels restent ouverts et accueillants.
«On entend souvent parler de terrorisme dans ces pays. C’est vrai que j’ai veillé personnellement à la sécurité de l’équipe pour la traversée du Mali, que je connais bien, et du Burkina. Et nous avons roulé sans le moindre incident sécuritaire» souligne Abdoul Aziz Soumah, avant de confier plus loin. "D’ailleurs, le président burkinabè a clairement exprimé son souhait de voir les peuples circuler librement entre les pays, à commencer par Conakry. Son discours, centré sur la relation avec la Guinée, nous a profondément touchés. Il a prouvé que le Burkina et le Mali peuvent nous accueillir sans problème".
Au-delà des discours, la route impose sa loi. Mais chaque difficulté devient une leçon d’organisation, de solidarité et de résilience pour ces motards. Rouler ensemble, c’est aussi apprendre à se relever ensemble.
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«Nous avons eu une crevaison entre Dabola et Kouroussa. À part ça, aucun problème à l’aller. Au retour, j’ai eu un souci de pneu, mais on a su gérer avant la frontière entre le Mali et le Burkina» raconte Moussa Kourouma, responsable de la planification.
De Conakry à Ouagadougou, les motards de Nimba Rider et G. Rider ont porté un message clair, l’Afrique doit se construire par les peuples, par le mouvement.
Le festival des 72h du Motard, qui a réuni des représentants d’au moins dix pays africains, est bien plus qu’un événement, c’est un symbole. Une preuve que, malgré les divisions, la route reste ouverte à ceux qui veulent vraiment se rejoindre.