Sénégal : Au-delà du repas, comment le « berndé » revivifie l’héritage spirituel de Cheikh Ahmadou Bamba

Le 25/08/2024 à 10h51

Du partage à la solidarité en passant par la transmission identitaire, le « berndé » symbolise l’héritage riche de sens légué par Cheikh Ahmadou Bamba à la confrérie mouride.

Le Magal de Touba, célébrant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, illustre avec le « berndé » les valeurs fondamentales prônées par la confrérie mouride au Sénégal : solidarité, partage et don de soi.

Ce geste emblématique de générosité, consistant à préparer d’énormes quantités de nourriture pour les pèlerins, incarne l’esprit de ce grand rassemblement religieux commémorant l’exil au Gabon du fondateur du mouridisme en 1895. « C’est une recommandation de Cheikh Ahmadou Bamba », rappelle Serigne Youssou Diop, responsable moral du Hizbut Tarqiyyah.

Un rituel structurant

D’un point de vue anthropologique, le « berndé » revêt une dimension rituelle essentielle au rayonnement et à la pérennité de la confrérie mouride. Serigne Mbagnick Diop, cofondateur d’une entreprise de distribution alimentaire qui offre chaque année des tonnes de riz et de sucre pour appuyer le comité d’organisation du grand Magal, souligne : « La recommandation de Serigne Touba n’est pas seulement d’offrir des repas copieux aux pèlerins, c’est un acte de foi et de solidarité. »

Ce rituel alimentaire participe à la cohésion sociale et à la transmission des valeurs au sein de la communauté mouride. Il structure l’identité collective autour de la figure tutélaire de Cheikh Ahmadou Bamba.

Économie solidaire et développement local

Sur le plan économique, le « berndé » constitue un véritable élan de solidarité et un moteur du développement local à Touba. De nombreux acteurs économiques locaux et membres de la diaspora contribuent aux dons en nature pour la préparation des repas.

« Chaque année, nous accueillons de plus en plus de pèlerins, et notre mission est de veiller à ce que personne ne reparte sans avoir mangé », affirme Yaye Dieynaba Diagne, coordinatrice de l’une des grandes cuisines.

Ce mouvement de générosité crée des chaînes d’approvisionnement et de distribution alimentaire à l’échelle locale, soutenant l’économie populaire.

L’ingénierie du « berndé » à l’épreuve

D’un point de vue urbanistique, le « berndé » met en lumière les enjeux de gestion des importants flux humains et logistiques lors du Magal à Touba. Une coordination méthodique des acteurs est nécessaire pour assurer l’accueil et le ravitaillement des milliers de pèlerins.

« La distribution des repas lors du Magal repose sur une logistique bien huilée », souligne l’article. Des camions acheminant les provisions, une distribution organisée par les dahiras (regroupements religieux), tout est planifié minutieusement.

Un concentré de valeurs universelles

Du point de vue sociologique, le « berndé » témoigne de la vitalité du mouridisme au Sénégal et de sa capacité à mobiliser les foules autour d’une renaissance spirituelle. Pour Papa Alioune Thiam, étudiant en Histoire, « Touba offre au monde une leçon sur l’importance de la solidarité et du don de soi. »

En incarnant concrètement les préceptes de partage et de fraternité prônés par Cheikh Ahmadou Bamba, le rituel du « berndé » contribue à revivifier l’aura de la confrérie mouride dans la société sénégalaise contemporaine.

Le « berndé », bien plus qu’un simple repas, constitue un concentré de valeurs sociétales, économiques, urbaines et spirituelles qui innervent le Sénégal et lui confèrent une identité singulière, digne héritière du legs universel de Cheikh Ahmadou Bamba.

Par Le360 Afrique (avec MAP)
Le 25/08/2024 à 10h51