Sénégal: le gri-gri, ce péché confessé à demi-mots

Un tas de gris-gris.

Le 01/10/2023 à 11h09

Le Sénégal, pays à 95% musulman, peine à se départir des pratiques animistes, selon lesquelles même les objets et les éléments naturels sont animés d’un esprit. A Dakar, il y a un marché dont le nom, gris-gris, témoigne de l’ancrage populaire de telles croyances même si certaines personnes ne le reconnaissent que du bout des lèvres.

Le gri-gri est une réalité africaine ancrée dans les esprits de presque tous les peuples du continent. Beaucoup d’entre eux pensent que les amulettes et autres talismans leur offrent pouvoir mystique, bonheur ou encore protection contre les mauvais esprits.

Au Sénégal, pays musulman à 95% de sa population, la pratique du gris-gris, bien qu’interdite en islam, y est très répandue. Certains, même s’ils désapprouvent cette méthode, reconnaissent son existence. Pour la bonne cause, le pouvoir des gris-gris peut être imploré selon eux, mais seulement en dernier recours.

Ces produits, qui se déclinent sous différentes formes (amulettes, mixtures…), semblent très prisés par les commerçants, les lutteurs ou toute autre personne désireuse de faire prospérer son affaire ou encore de voyager sans être inquiétée.

Ce que rejettent encore certaines personnes qui y voient une manière malsaine de forcer la chance. Ceux qui cherchent à se donner bonne conscience justifient cette pratique par la seule volonté de se protéger des mauvais esprits ou d’un mauvais sort.

Mais parfois ils vont bien au-delà de ce qu’ils se limitent à dire. Peu diserts quand il s’agit de parler de l’interdit, certains citoyens, qui n’ont pas souhaité en témoigner face camera, estiment que toute la société sans exception s’adonnent à de telles pratiques.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 01/10/2023 à 11h09