Dans sa livraison du 2 janvier, The New York Times, à travers un article intitulé «Vivre l’enfer: comment l’Afrique du Nord empêche les migrants d’entrer en Europe» décrit les conditions alarmantes dans lesquelles se déroulent les expulsions de migrants subsahariens vers le Niger.
Si la Tunisie et la Libye expulsent aussi les migrants subsahariens, il n’en demeure pas que le gros lot est le fait de l’Algérie. Malgré l’indignation mondiale que suscitent de telles opérations, ces pays continuent leur politique de refoulement sauvage des migrants vers le Niger. Selon le quotidien new-yorkais, les migrants sont entassés dans des prisons ou centres de rétention où ils sont soumis à la torture, la violence sexuelle, la famine… «Certains migrants expulsés avaient des membres cassés», s’indigne la publication américaine.
L’Algérie, qui pratique ces expulsions depuis 2014, semble avoir donné en 2024 une nouvelle impulsion à sa politique de refoulement sauvage des migrants dont des femmes et des enfants. L’année dernière, l’Algérie a expulsé un nombre record de plus de 31.000 migrants, selon l’ONG Alarm Phone Sahara.
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Pire, outre les expulsions de migrants subsahariens se trouvant sur son territoire, Alger joue aussi le rôle d’intermédiaire pour la Tunisie. En effet, n’ayant pas de frontières avec les pays sahéliens, la Tunisie expulse les migrants à sa frontière avec l’Algérie, cette dernière se charge de poursuivre la tâche en les refoulant vers le Niger.
À travers ces déportations massives, ces pays jouent le rôle de protecteurs des frontières de l’Union Européenne en empêchant les migrants subsahariens d’atteindre le vieux continent via la Méditerranée. Ainsi, la Tunisie, depuis son accord avec l’UE conclu en 2023, a expulsé plus de 12.000 personnes dont des femmes enceintes et des enfants, dans des zones désertiques de la Libye, selon les Nations unies.
Malheureusement pour les migrants, ces expulsions ne sont pas seulement de simples déportations, mais sont systématiquement accompagnées de violences physiques, de brutalité, de privation d’eau et de nourriture et d’abandon dans le désert.
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Face à ces migrants irréguliers, l’Algérie a décidé de leur ôter toute dignité humaine. Arrêtés lors de rafles dans leurs lieux de travail ou de vie, les migrants sont parqués dans des centres de rétention ou prisons avant d’être acheminés vers le Sud de l’Algérie, à Tamanrasset plus précisément, où ils sont parqués dans des conditions inhumaines avant leur expulsion. «Les migrants sont également victimes de coups et de violences physiques dans les prisons algériennes», souligne The New York Times, rappelant que des pratiques similaires sont employées par la Libye et la Tunisie.
Une fois qu’un nombre significatif de migrants atteint, ils sont embarqués dans des bus et transportés à la frontière algéro-nigérienne où ils sont abandonnés à leur sort dans un immense désert sans aucun moyen de trouver une voiture ou tout autre moyen de locomotion.
Selon The New York Times, «les autorités algériennes déposent les migrants à la frontière avec le Niger, les obligeant à marcher pendant des heures dans le désert avant d’atteindre la ville la plus proche». Si certains arrivent à s’orienter et se atteignent la localité la plus proche, d’autres déjà affaiblis par les conditions de détention et de transport se perdent dans le désert. Plusieurs meurent de faim et de déshydratation.
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Une fois arrivés au Niger, plus chanceux d’entre eux sont transférés vers leur pays d’origine par l’Organisation internationale des Nations unies pour les migrations.
Ces pratiques sont condamnées par les ONG humanitaires qui dénoncent les méthodes brutales du gouvernement algérien, déshumanisantes et contraires aux normes internationales relatives aux droits des réfugiés et des migrants.
Ainsi, l’Algérie, bien que non signataire de conventions avec l’Union européenne en matière de migration, est en tête des refoulement de migrants subsahariens, comparativement à la Tunisie et à la Libye. Ces expulsions massives semblent avoir contribué à la baisse des flux de migrants subsahariens vers l’Europe via la Méditerranée, selon les données de l’Agence des frontières de l’UE (Frontex), rapporte le quotidien new-yorkais.