A la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet, des centaines de migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont été chassés de Sfax (centre-est), principal point de départ en Tunisie pour l’émigration clandestine, et conduits par les autorités, selon des ONG, vers des zones inhospitalières près de la Libye à l’est, et l’Algérie à l’ouest.
Entre 100 et 150 migrants, parmi lesquels des femmes et des enfants, se trouvent encore à la frontière libyenne, a indiqué vendredi à la presse Romdane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux, une ONG qui suit de près le dossier de la migration en Tunisie.
Environ 165 migrants, abandonnés près de la frontière algérienne, ont été récupérés, a-t-il assuré, sans être en mesure de préciser par qui ni où ils ont été emmenés.
«Des migrants sont transférés d’un endroit à un autre et d’autres groupes, dans des conditions catastrophiques, se cachent dans la nature de peur d’être repérés et d’avoir le même sort que ceux bloqués aux frontières», a déploré M. Ben Amor, qui a appelé à leur fournir des hébergements en urgence.
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Il a également exprimé sa crainte de trouver d’autres cadavres de migrants dans les jours qui viennent. Deux corps de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne ont été retrouvés dans le désert de Hazoua, près de la frontière algérienne, a appris mardi l’AFP de sources judiciaires.
Les autorités doivent aussi, selon M. Ben Amor, transmettre un message «clair» aux citoyens «pour aider tous les migrants quelle que soit leur situation administrative».
Un discours de plus en plus ouvertement xénophobe à l’égard des migrants s’est répandu en Tunisie depuis que le président tunisien, Kais Saied, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021, a pourfendu en février l’immigration clandestine.
Lundi, M. Saied a estimé que «la Tunisie a donné une leçon au monde avec la manière dont elle a pris soin de ces migrants», affirmant aussi qu’«elle refuse d’être une patrie de substitution pour eux et n’acceptera que ceux qui sont en situation régulière».