Veille d’Aïd à Conakry: «C’est pire que pendant le Covid», les magasins de vêtements pour enfants désespérément vides

Des habits d'enfants dans un marché de Conakry.

Le 08/04/2024 à 16h09

VidéoPour les parents, trouver des habits pour les enfants reste un véritable problème. Il faut des sacrifices et des privations pour espérer faire plaisir aux tout-petits,

Au marché de Sonfonia de Conakry, les boutiques sont pleines, bien chargées d’articles pour enfants. Sauf que la clientèle est aux abonnés absents. Mohamed Traoré est une des rares personnes à arpenter les allées du marché à la quête d’habits pour ses enfants.

Pour lui, comme pour de nombreux autres Guinéens, les temps sont durs. Ce n’est un secret pour personne. Et les commerçantes s’en plaignent déjà. C’est le cas de Mariama Sadio Bah: «Nous avons à peine quelques clients. Pour l’instant, nous sommes loin du compte comparativement à l’année dernière».

Plus loin, une autre commerçante, Fatoumata Bailo Diallo confie: «Comme à chaque fête de l’Aïd, nous avons fait venir de la marchandise. Mais honnêtement, il n y a presque pas de mouvement. C’est pire même que l’époque de la Covid. Avant le confinement, nous vendions assez. Mais cette année, nous sommes loin d’écouler la moitié de la marchandise importée. En temps normal, j’aurais été tellement débordée, que j’aurais pas eu le temps de parler même a la presse».

Cette année, pour les parents, trouver des habits pour les enfants reste un véritable problème. Il faut des sacrifices et des privations pour espérer faire plaisir aux tout-petits, confie Mohamed Traoré: «C’est un sacrifice pour tout père de famille

Comment expliquer cette rareté de la clientèle? Conjoncture économique? Selon certaines commerçantes, il n’y aurait pas assez d’argent en circulation, et ça se ressent facilement, dit Fatoumata Bailo Diallo: «Si ça continue comme ça, nous aussi nous allons au Nicaragua. On va aller en aventure aussi. Nous avons beaucoup de collègues qui sont partis. Parce que si tu fais venir beaucoup de marchandises et tu n’as même pas tiré ton investissement, c’est compliqué».


En Guinée, à l’occasion des fêtes, les marchés sont habituellement bondés de monde. Mais cette année, nombreux sont les Guinéens à vivre dans la précarité. Alors, certains pères de famille doivent se priver de certaines choses pour satisfaire les enfants. Mais pour d’autres plus réalistes, habiller les enfants cette année est loin d’être une priorité.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 08/04/2024 à 16h09