Violences, menaces, arrestations: en Ouganda, une loi anti-LGBT a «rendu l’homophobie légitime»

Le 26/05/2025 à 16h42

Violences, menaces, arrestations : la « loi anti-homosexualité » votée en 2023 en Ouganda a «institutionnalisé l’homophobie» et fait vivre depuis lors la communauté LGBT dans «un climat de peur», dénonce lundi l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW).

Ce texte est l’un des plus répressifs au monde contre la communauté LGBT+. Il prévoit de lourdes peines pour les personnes ayant des relations homosexuelles et faisant la «promotion» de l’homosexualité. Un délit d’«homosexualité aggravée» est même passible de la peine de mort, une condamnation qui n’est toutefois plus appliquée depuis des années en Ouganda.

«L’adoption de la ”loi anti-homosexualité” et les attaques qui ont suivi contre les minorités sexuelles et les groupes de défense des droits des LGBT en Ouganda ont dévasté plusieurs communautés déjà marginalisées et intensifié les vulnérabilités existantes», pointe un rapport d’HRW intitulé «Ils mettent nos vies à risque : comment la loi ougandaise anti-LGBT déchaîne les abus».

«La loi a légitimé les atteintes aux droits de l’Homme contre les personnes et organisations LGBT», qui «vivent dans un climat de peur, parce qu’il y a une loi qui justifie que les gens s’en prennent violemment à eux», observe Oyem Nyeko, l’auteur du rapport, interrogé par l’AFP.

Après son vote, les violences «ont augmenté», sans que leurs auteurs ne soient inquiétés par la police ou la justice, estime-t-il. «Comme l’homosexualité est un crime, les autorités ou des citoyens peuvent commettre des agressions sans que rien ne leur arrive», poursuit le chercheur.

«Cette loi a vraiment rendu l’homophobie légitime. Elle l’a institutionnalisée», dénonce Oyem Nyeko, citant l’exemple de «policiers qui rançonnent les homosexuels: ils les rencontrent en ligne et menacent de les arrêter s’ils ne leur donnent pas d’argent.»

Parmi la soixantaine de personnes interrogées pour ce rapport par HRW, certaines, membres de la communauté LGBT ont raconté les menaces reçues depuis deux ans. «Tu vas perdre ton enfant», a-t-on dit à la mère d’une fille non binaire. «Ces gens seront tués», a entendu la maman d’un garçon bisexuel alors qu’elle était au marché.

L’ONG ougandaise DefendDefenders affirme avoir identifié «huit cas de violence physique et sexuelle, y compris des cas de viol par des hommes de personnes qu’ils présumaient être homosexuelles afin de les ”convertir” à l’hétérosexualité» dans les 24 heures ayant suivi le vote de la loi.

«Si vous êtes perçu comme étant LGBT - même si ce n’est pas le cas, NLDR -, vous pouvez être attaqué» en Ouganda, commente Oyem Nyeko, qui fait état de personnes ayant été chassées de leur domicile ou de leur emploi.

HRW indique avoir contacté de nombreux services gouvernementaux, policiers, judiciaires en Ouganda pour ce rapport, sans avoir jamais obtenu la moindre réponse.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 26/05/2025 à 16h42