Le numérique est incontournable dans la transformation des économies africaines. Toutefois, son développement au niveau du continent exige de nouvelles compétences et leur renouvellement constant. Ce qui n’est pas évident pour de nombreux pays où les compétences ne suivent pas toujours la demande du fait notamment que les filles et les femmes, qui représentent plus de la moitié des populations des différents pays, sont globalement sous-représentées dans les filières et carrières spécialisées dans les TIC.
Cette configuration ne concerne pas uniquement les pays africains. Selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT), publiée en avril 2022, «seuls 30% des professionnels du secteur de la science et de la technologie sont des femmes».
Une situation à laquelle tous les pays, ou presque, doivent trouver des solutions d’autant plus que dans de nombreux pays du continent le taux des filles qui réussissent au BAC est plus élevé que chez les garçons.
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Certains pays semblent en passe de réussir ce pari. Ainsi, la proportion des femmes diplômées du 3e cycle en TIC est largement appréciable. En se basant sur les données fournies par le portail sur la parité hommes-femmes de la Banque mondiale, dans une dizaine de pays, ce taux dépasse les 40%. Et dans une poignée d’entre eux, ce ratio dépasse même les 50%.
Part des femmes sur le nombre total de diplômés en TIC (%)
Rang en Afrique | Pays | Part des femmes sur le nombre total de diplômés en TIC (%) |
---|---|---|
1er | Tunisie | 55,64% |
2e | Bénin | 55,07% |
3e | Soudan | 53,78% |
4e | Gambie | 53,24% |
5e | Algérie | 48,93% |
6e | Zimbabwe | 46,12% |
7e | Mauritanie | 41,32% |
8e | Maroc | 41,28% |
9e | Rwanda | 39,08% |
10e | Afrique du Sud | 38,43% |
Source: Banque mondiale
Toutefois, ces données ne doivent pas cacher la réalité du reste du continent. En effet, si l’acquisition de compétences numériques par la gente féminine est une réalité en Afrique, il n’en demeure pas moins que celle-ci n’est pas homogène au niveau du continent. Les disparités sont énormes d’un pays à l’autre. Ainsi, si on prend comme exemple la République démocratique du Congo (RDC), «seulement 2% des femmes âgées de 15 à 49 ans savent envoyer un e-mail accompagné d’une pièce jointe», selon ONU Femmes.
Face à cette situation, il importe d’actionner plusieurs variables afin d’améliorer les compétences numériques et la représentativité féminine dans les TIC. Et à ce titre, cinq principaux leviers peuvent être actionnés, selon la Banque mondiale.
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Prioritairement, il faut lutter contre les stéréotypes de genre en milieu scolaire dès le plus jeune âge. Ensuite, il faut former les filles afin qu’elles puissent exprimer leur inventivité technologique. Par ailleurs, il importe que les femmes jouent le rôle de mentor au profit des jeunes filles en les incitant à poursuivre leurs études dans les filières scientifiques, technologiques, d’ingénierie et de mathématiques (STIM).
En outre, il importe d’informer les jeunes filles sur les opportunités de carrière qui s’offrent aux diplômés des filières STIM afin de les encourager à intégrer celles-ci. «Au Kenya, les jeunes femmes informées des meilleures rémunérations dans les métiers majoritairement exercés par des hommes s’engagent plus volontiers dans des formations offrant ce type de débouchés», selon l’institution.
Enfin, il est essentiel de garantir des environnements de travail inclusifs et porteurs pour les femmes dans les STIM en mettant en place des congés parentaux, des garderies d’enfants, des mesures contre le harcèlement sexuel…