Foot: avec une sélection bicéphale, les Camerounais ne savent plus où donner de la tête

Samuel Eto'o, président de la Fecafoot, au 74e congrès de la FIFA le17 mai 2024 à Bangkok.

Samuel Eto'o, président de la Fecafoot, au 74e congrès de la FIFA le 17 mai 2024 à Bangkok.

Le 17/05/2024 à 12h25

VidéoUn entraîneur, deux staffs techniques et des supporters déroutés. C’est l’aboutissement de l’imbroglio né de la désignation par le gouvernement de l’entraîneur des Lions Indomptables aussitôt rejeté par la Fédération. Pour arrondir les angles, le Belge Marc Brys a été maintenu à la tête des quintuples champions d’Afrique mais la fédération a choisi son propre staff.

Irrecevable! Tel pourrait se résumer la position de nombreux Camerounais sur le bras de fer entre le président de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot) et le ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep) au sujet de la nomination du nouveau staff technique, administratif et médical des Lions Indomptables.

Pour mémoire, le ministre Narcisse Mouelle Kombi, s’appuyant à la fois sur les hautes instructions du président de la République et la convention signée en 2015 entre la Fecafoot et le gouvernement, avait désigné le nouveau staff de l’équipe nationale de football contre l’avis de la Fecafoot qui en réclamait les prérogatives.

Samuel Eto'o, président de la Fecafoot, au 74e congrès de la FIFA le17 mai 2024 à Bangkok.

Après plusieurs menaces, Samuel Eto’o et son bureau exécutif avaient nommé le leur, tout en maintenant le Belge Marc Brys au poste d’entraîneur, sélectionneur national comme désigné par le Minsep. Et malgré les rappels à l’ordre incessants, la Fecafoot a installé les membres de son nouveau staff technique, administratif et médical à leurs fonctions respectives.

Un affront, pas vraiment du goût de la majorité des Camerounais qui dénoncent la clochardisation des institutions républicaines par l’ancien goaleador camerounais et ancien capitaine des Lions Indomptables, Samuel Eto’o Fils.

Pour ceux rencontrés dans les rues de la capitale Yaoundé, il est temps pour le pichichi du FC Barcelone d’arrêter son cirque. L’un d’eux nous l’a dit: «Je l’ai supporté au départ parce qu’il est clair pour tous que le Minsep a exagéré dans ses nominations. Mais à un moment donné, l’on doit comprendre que le respect des institutions est non négociable. C’est pour cela que je pense que Samuel Eto’o en fait déjà un peu trop». A un autre d’ajouter que: «Du moment où les instructions viennent du chef de l’Etat, Samuel Eto’o Fils n’a plus rien à dire même s’il a raison. Il s’agit de notre pays et en aucun moment, je n’accepterai qu’un citoyen manque du respect à notre nation».

Il est aussi évident que les mauvaises performances des Lions Indomptables lors de la dernière coupe du monde de football et la Can ivoirienne n’ont pas aidé Samuel Eto’o Fils à maintenir son influence au sein de l’opinion comme dans le passé. Lui, qui est accusé de créer un climat délétère au sein de la tanière par son omniprésence, son omniscience et son omnipotence.

Le football étant l’opium du peuple qui garantit la paix et la cohésion sociale dans le pays, par les bonnes prestations des Lions Indomptables, le gouvernement a jugé utile de prendre ses responsabilités pour éviter des débordements lors des prochaines sorties de l’équipe nationale du Cameroun.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 17/05/2024 à 12h25